Le Bureau des circonscriptions africaines aide les pays à faire entendre leur voix dans le cadre de l’élaboration de la prochaine stratégie du Fonds mondial
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est engagé dans le processus d’élaboration de son plan stratégique post-2022. Le Fonds mondial a demandé aux partenaires, responsables de mise en œuvre, et autres parties prenantes de contribuer à l’identification des défis et opportunités émergents qui constitueront des priorités dans le cadre de sa prochaine stratégie. Le Bureau des circonscriptions africaines (BCA), qui apporte un appui à la représentation de 46 pays africains dans leur engagement avec le Fonds mondial, a convoqué une série de réunions virtuelles rassemblant les représentants de ces pays en vue de mener des discussions sur les principaux défis et les réalisations, et de recueillir des contributions pour la prochaine stratégie.
Les pays d’Afrique subsaharienne reçoivent 72% des financements du Fonds mondial. Ces pays forment deux circonscriptions: l’Afrique de l’Ouest et centrale (AOC) et l’Afrique de l’Est et australe (AEA). La majeure partie des pays utilisent l’anglais ou le français comme langue officielle. Quatorze pays ont participé dans le groupe francophone de l’AOC et de l’AEA: Burkina Faso, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Madagascar, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Leurs représentants se sont réunis le 25 juin 2020. Sept pays ont participé dans le groupe anglophone: Eswatini, Ghana, Kenya, Mozambique, Namibie, Nigéria et Afrique du Sud le 26 juin 2020. Bien que le portugais soit la langue officielle de la Guinée-Bissau et du Mozambique, ces derniers ont rejoint les groupes francophone et anglophone respectivement. Étant donné que seuls 21 pays ont participé aux deux rencontres, le BCA a décidé d’appeler les autres secrétariats d’ICN (Instance de coordination nationale) séparément afin de recueillir leur avis.
Le Dr Zweli Mkhize, membre du Conseil d’administration du Fonds mondial pour la circonscription de l’AEA et Ministre sud-africain de la Santé, ainsi que le Dr Nduku Kilonzo, membre du Comité stratégique, ont participé à la réunion du groupe anglophone. Le professeur Pascal Niamba, président du conseil d’administration du BCA et membre du comité d’éthique et de gouvernance (CEG), et le Dr Mele Djalo, membre du comité stratégique, ont pris part à la réunion du groupe francophone.
Défis logistiques
Les différences en matière de langue et d’horaires ont constitué des défis logistiques pour les réunions virtuelles, mais le problème logistique le plus important était la connexion Internet instable qui a eu un impact négatif sur la fluidité dela communication. Etant donné la difficulté de s’assurer que tous les participants suivent les discussions, le BCA a demandé à chaque pays de partager un résumé de sa contribution par courrier électronique au cours de la semaine suivant la tenue de la réunion. Le BCA a également obtenu un financement de l’agence britannique de développement, DFID (Department for International Development), afin de fournir une plate-forme sécurisée pour les réunions virtuelles à toutes les ICN parties prenantes.
Défis de la mise en œuvre des subventions au cours de la période stratégique actuelle
Les participants ont souligné l’importance des quatre objectifs stratégiques actuels et insisté sur le fait qu’ils ne doivent pas être négligés. Ils ont ensuite mené des discussions sur les défis et leurs solutions. Ces défis sont rarement nouveaux ou propres à certains pays. Toutefois, ils sont influencés par le contexte du pays.
Systèmes de santé faibles
La faiblesse des systèmes de santé constitue un problème majeur en Afrique subsaharienne. Elle peut être due à des problèmes d’ordre sécuritaire (guerre civile ou terrorisme dans les États fragiles), à des problèmes économiques ou à une mauvaise gouvernance.
Les faiblesses du système de santé comprennent notamment des infrastructures inadéquates, des ressources humaines insuffisantes en quantité ou en qualité, des systèmes de données médiocres et des chaînes d’approvisionnement fragiles. Certains participants ont expliqué qu’un système de santé faible affecte directement la performance des subventions et l’objectif final de sauver des vies. Par exemple, un système de chaîne d’approvisionnement faible entraîne souvent des ruptures de stock d’antirétroviraux (ARV) qui entrainent des interruptions de traitement des patients. De nombreux pays ont connu des ruptures de stock d’ARV ou d’antituberculeux (TB) durant ces dernières années. Cette situation a été documentée de manière extensive dans les audits du Bureau de l’Inspecteur général du Fonds mondial.
Les participants à la réunion ont insisté sur l’importance de la qualité des données comme pilier d’une bonne planification et d’une bonne exécution des programmes. En effet, des données de haute qualité sont nécessaires pour une gestion efficace des subventions ainsi que pour assurer le test, le traitement et la rétention des patients dans le traitement. Les participants de l’AOC ont fait état de la faible proportion des personnes séropositives qui connaissent leur statut et de l’absence de progrès de la région en ce qui concerne la réalisation des objectifs ambitieux 90-90-90 de l’ONUSIDA. (Ces objectifs sont les suivants: d’ici 2020, 90% de toutes les personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90% de celles qui ont été testées séropositives sont sous traitement et 90% de celles sous traitement ont une suppression virale.) (En savoir plus sur cet objectif dans un article de cette publication).
Prestation de services aux populations clés et vulnérables
La prestation de services aux populations clés et vulnérables dans le domaine du VIH reste un défi dans la plupart des pays participants en raison de la criminalisation et de la stigmatisation.
Les populations clés pour le VIH comprennent les utilisateurs de drogues, les professionnel (le) s du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), dont les activités sont souvent criminalisées. Dans ce contexte, la mise en œuvre des programmes visant à les identifier et à leur fournir des services comportesouvent des défis. Les populations vulnérables au VIH comprennent les adolescentes et les jeunes femmes; les taux les plus élevés de nouvelles infections à VIH se trouvant au sein de cette population en Afrique subsaharienne.
Les participants ont reconnu que sans une gestion appropriée du problème des populations clés, il ne sera pas possible de maîtriser l’épidémie du VIH.