Que faut-il pour transformer les résultats sanitaires sur un continent dans son ensemble? La réponse se trouve dans la position proactive de la région africaine en vue de la réalisation de l’agenda de Lusaka. La feuille de route régionale de l’Afrique concernant l’agenda de Lusaka, qui sera dévoilée lors de la réunion du Comité régional de la Région Afrique de l’OMS en août 2024, met en évidence le pouvoir de l’action collective. Il s’agit d’un appel clair aux gouvernements, aux organismes régionaux, aux initiatives mondiales pour la santé, aux partenaires de développement, aux organisations de la société civile et à la communauté d’apprentissage de concrétiser la vision de l’agenda de Lusaka et de favoriser la transformation de la santé mondiale.
Organisée par des entités de renom, notamment l’OMS Afro, le Bureau de la circonscription africaine pour le Fonds mondial, CDC Afrique, Wellcome Trust, le Fonds mondial, Gavi et le Mécanisme de financement mondial (GFF), la “Consultation technique sur l’avancement du leadership africain et d’une voix unique vers la réalisation de l’Agenda de Lusaka”, qui s’est tenue à Addis-Abeba du 12 au 13 juin 2024, a constitué une plateforme décisive pour approfondir les discussions sur l’Agenda de l’après-Lusaka. En promouvant la collaboration et en définissant des paramètres clairs pour mesurer les progrès et la redevabilité, le chemin vers un avenir sanitaire unifié et résilient pour l’Afrique est en train d’être tracé.
Perspectives et discussions: Principaux changements et priorités à brève échéance
Au cours de la consultation technique de deux jours, les participants ont engagé des discussions approfondies sur les cinq principaux changements décrits dans l’agenda de Lusaka, en examinant leurs implications et en identifiant les priorités à court terme permettant de réaliser des progrès tangibles:
Renforcer les soins de santé primaires (SSP): Reconnus comme la pierre angulaire de la sécurité sanitaire et de la préparation aux pandémies, les investissements dans les soins de santé primaires sont essentiels. Les discussions ont mis en évidence la nécessité d’un renforcement intégré du système de santé (RSS) et de l’élaboration d’indicateurs exhaustifs en matière de soins de santé primaires et de RSS afin d’assurer un suivi et une évaluation solides.
Catalyser des services de santé durables et financés au niveau national: S’appuyant sur la déclaration historique d’Abuja, les participants ont exploré des stratégies innovantes de mobilisation des ressources intérieures (MRI) pour parvenir à un financement durable de la santé. L’exploitation de plateformes telles que la réunion des dirigeants africains pour le financement de la santé a été identifiée comme essentielle pour stimuler les investissements à long terme dans le domaine de la santé.
Renforcer les approches conjointes pour l’équité en matière de santé: L’engagement en faveur des droits humains et de la lutte contre les disparités en matière de santé a été réaffirmé. Les discussions ont porté sur les déterminants sociaux, politiques et structurels de la santé pour garantir des résultats équitables pour toutes les populations.
Renforcer la cohérence stratégique et opérationnelle: La nécessité de disposer d’une unité de gestion de programme (UGP) unifiée et d’équipes de mise en œuvre conjointes en vue de rationaliser les efforts des IMS au sein des pays a été mise en exergue. L’élaboration d’une matrice de maturité pour l’alignement et la coordination a été jugée essentielle pour analyser les informations initiales et suivre les progrès accomplis.
Coordonner la R&D et la fabrication régionale: Reconnaissant le potentiel de l’Afrique en matière de production pharmaceutique, les participants ont souligné l’importance d’une meilleure coordination pour combler les lacunes en matière de prévisibilité de la demande, d’accessibilité financière et de financement. Les propositions clés concernaient la garantie de quotas pour les produits de santé fabriqués en Afrique sur les plateformes d’approvisionnement et le soutien aux efforts de R&D régionaux.
Renforcer la redevabilité et la gouvernance
La gouvernance et la redevabilité sont apparues comme des thèmes essentiels, les participants soulignant l’importance d’un leadership solide, transparent et inclusif pour conduire la mise en œuvre de l’agenda de Lusaka. Les principales priorités à brève échéance sont les suivantes
Une gouvernance solide et inclusive: Des systèmes de gouvernance efficaces sont essentiels pour coordonner et aligner les efforts en matière de santé mondiale. Un leadership transparent et inclusif a été jugé crucial pour faire avancer l’agenda de Lusaka.
Suivi et évaluation de l’impact: Les partenaires au développement dont l’OMS et diverses parties prenantes telles que les IMS, les organismes régionaux, les pays et les OSC, sont en train d’oeuvrer de concert à l’élaboration d’orientations normatives sur les principaux résultats et la mesure de l’impact. Ils sont également en train de mettre au point des indicateurs de mesures des SSP et du RSS afin d’éclairer l’allocation des ressources et ont entrepris un agenda de recherche sur la réorientation des SSP.
Alignement sur les systèmes gouvernementaux: Les participants ont souligné qu’il était essentiel, pour garantir un financement durable de la santé, d’encourager les IMS à aligner leur travail sur les systèmes, les budgets et les plans de suivi nationaux.
Rationalisation des processus d’octroi de subventions: La simplification des procédures de demande et de décaissement des subventions, ainsi que l’allongement de la durée des subventions, ont été proposés dans l’optique de réduire les charges administratives et d’améliorer l’efficacité.
Transparence des flux financiers: Soulignant la nécessité de mécanismes de financement viables, les participants ont appelé à une plus grande transparence des flux financiers externes et à la mise en place de cadres juridiques pour soutenir la transition à long terme.
Pays pionniers et cadre de redevabilité
Les critères de sélection et l’importance des pays pionniers qui aideront à faire progresser l’agenda de Lusaka auprès des IMS, mettre en œuvre les changements clés et les priorités à court terme, et tirer des leçons à appliquer à d’autres pays ont fait l’objet de discussions, et l’accent a été mis sur l’équilibre régional et l’engagement des dirigeants. Des pays comme le Sud-Soudan, le Ghana et le Malawi ont manifesté leur intérêt à jouer un rôle central dans ce processus. En outre, la mise en place d’un cadre de redevabilité a été soulignée, en mettant l’accent sur des priorités telles que le financement national, l’harmonisation des politiques, la résilience des systèmes de santé et l’amélioration de l’accès aux services de santé. La transparence et l’utilisation efficace des ressources sont apparues comme des piliers essentiels pour garantir la redevabilité dans le secteur de la santé.
Prochaines étapes: Préparation de la réunion du Comité régional de l’OMS Afrique
Au moment où l’Afrique se prépare à présenter la feuille de route régionale africaine lors de la réunion du Comité régional de la Région Afrique de l’OMS à Brazzaville, au Congo en août 2024, la priorité reste d’encourager les efforts de collaboration entre toutes les parties prenantes. La feuille de route a pour but d’unifier la voix du continent et de mener des actions stratégiques cohérentes en matière de santé mondiale.
L’engagement en faveur de l’agenda de Lusaka et l’approche proactive affichée à Addis-Abeba montrent que le continent est prêt à piloter la transformation de la santé mondiale grâce à un leadership unifié et à une collaboration stratégique.