Le Bureau de la circonscription africaine (BCA), en collaboration avec le Partenariat Halte à la tuberculose, a organisé une réunion sur la tuberculose pour 17 pays africains à forte charge de morbidité. La réunion visait principalement à soutenir les pays dans le cadre de la demande de subvention au Fonds mondial pour la période 2023-2025 et à échanger sur l’amélioration de l’engagement politique et du financement intérieur de la tuberculose. La réunion, qui s’est tenue à Addis-Abeba, en Éthiopie, du 28 au 29 novembre 2022, a rassemblé 47 représentants, dont des secrétaires principaux à la santé, des responsables de programmes nationaux de lutte contre la tuberculose, des organisations de la société civile, l’Union africaine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’USAID. Dans son discours d’ouverture, le Ministre d’État à la Santé du pays hôte, S.E. le Dr Derege Duguma, a exhorté les participants à sortir des sentiers battus pour mettre fin à la tuberculose en explorant de nouvelles approches et en favorisant des partenariats multisectoriels et innovants.
Les données ont montré que la tuberculose affecte les populations les plus actives en Afrique, en particulier les personnes âgées de 25 à 45 ans. En 2021, l’OMS estimait qu’il y avait 2,5 millions de nouveaux cas de tuberculose dans la région africaine, avec un taux de mortalité de 20 % (environ 560 000 personnes). Un nombre considérable d’enfants et d’adolescents atteints de tuberculose ne bénéficient pas non plus des services de prévention, de diagnostic et de soins liés à la tuberculose nécessaires à leur survie.
Il ne fait aucun doute qu’il existe des exemples de réussite dans la lutte contre la tuberculose en Afrique, mais un financement insuffisant, un faible engagement politique et une action limitée exacerbée par l’impact de la COVID-19 menacent les progrès vers l’éradication de la tuberculose. Pour atteindre cet objectif, il est essentiel de s’attaquer à tous les déterminants de la tuberculose, notamment la pauvreté, le VIH et la dénutrition, et de mettre en place des systèmes de santé résilients capables de faire face aux pandémies. Etant donné que la tuberculose n’est pas seulement un problème de santé mais également un problème socio-économique, une approche multisectorielle et intégrée mettant l’accent sur la protection sociale devrait faire partie de la riposte à la tuberculose. Le rôle des communautés est vital dans la lutte contre la tuberculose. L’effort louable de l’Ouganda dans la mobilisation des agents de santé communautaires pour la détection des cas de tuberculose et l’observance au traitement en est un bon exemple.
L’importance des nouvelles technologies, des diagnostics et des médicaments dans l’effort visant à éradiquer la tuberculose est indéniable. Néanmoins, ces éléments ne sont pas aisément accessibles par les personnes qui en ont besoin. Des partenaires clés tels que l’USAID se sont déclarés prêts à fournir une assistance technique pour aider les pays à utiliser les nouvelles technologies. À cet effet, un appel a été lancé à l’OMS pour qu’elle soutienne et accélère l’adoption de ces nouvelles technologies au niveau des pays et pour que les pays se familiarisent avec les nouvelles directives et les nouveaux cadres de l’OMS sur plusieurs aspects de la tuberculose.
Quant à la question fondamentale du financement, le manque de ressources financières pour la tuberculose a fait l’objet d’un débat intense. Il est apparu que la tuberculose bénéficie du financement le plus faible comparé au VIH et au paludisme. Selon le Partenariat Halte à la tuberculose, le déficit de financement de la tuberculose s’élève à 249,98 millions de dollars US, et le coût de l’inaction est estimé à 1 000 milliards de dollars US. Ces écarts vertigineux ne laissent pas d’autre choix que de chercher des voies diverses et innovantes, d’où la nécessité de mobiliser des ressources intérieures (MRI).
En ce qui concerne la MRI, la République démocratique du Congo a pris l’initiative d’adopter une loi innovante qui vise à réduire le déficit de financement de la lutte contre la tuberculose en augmentant les taxes sur le carburant, les boissons alcoolisées et le tabac. Malgré les déficits de financement, les pays doivent continuer à collecter des données adéquates et à définir des objectifs ambitieux qui sont inclus dans des plans stratégiques chiffrés de lutte contre la tuberculose. Un appel à ne pas baisser les bras et à s’efforcer de combler le déficit de financement a été lancé!
Constatant la faiblesse du plaidoyer en faveur de la tuberculose, les participants ont souligné l’importance d’un plaidoyer fondé sur des données probantes aux niveaux national, régional et mondial, avec de nouveaux messages et argumentaires d’investissement qui placent la tuberculose au premier plan et non comme un accessoire d’autres programmes de lutte contre la maladie. Il va sans dire que les parlementaires doivent constituer des cibles clés dans les plans de plaidoyer et que la société civile doit disposer de fonds pour les activités de plaidoyer afin que la tuberculose reçoive l’attention qu’elle mérite.
Dans le cadre de la demande de subvention au Fonds mondial pour la période 2023-2025 (NFM4), les nouveaux domaines d’intervention stratégiques du Fonds mondial visant à mettre les communautés au centre et l’accent sur les systèmes de santé résilients et pérennes (SSRP), l’égalité des sexes et les droits humains ont été rappelés. Bien que la stratégie vise toujours à soutenir les priorités et les objectifs nationaux, le processus de demande de subvention reste le même. Des informations supplémentaires telles que les priorités de financement de la société civile et des communautés, le résultat des narratifs des dialogues pays, les lacunes et les priorités du SSRP sont nécessaires. Compte tenu de l’intégration de la santé mentale dans les programmes de lutte contre le VIH, la TB et le paludisme dans la nouvelle stratégie du Fonds mondial lors des engagements des parties prenantes nationales sur le NFM4, il est essentiel de plaider en faveur de l’intégration de la santé mentale à chaque étape du continuum de services de la tuberculose et du VIH pour mettre fin à ces épidémies à un ” rythme plus rapide et de manière efficace en termes de coûts “.
Enfin, les 17 pays à forte incidence de tuberculose ont adopté un communiqué appelant l’Union africaine, le Partenariat Halte à la tuberculose, le Bureau de la circonscription africaine, l’OMS, l’USAID et les parties prenantes concernées à coordonner l’élaboration d’une position africaine commune en vue de la réunion de haut niveau des Nations unies sur la tuberculose, qui se tiendra en 2023 à New York.