Le paysage de la santé mondiale subit des changements significatifs qui nécessitent des solutions innovantes pour préserver les progress accomplis. Dans ce contexte dynamique, l’agenda de Lusaka est une lueur d’espoir qui nous oriente vers une approche plus efficace, plus efficiente et plus équitable des initiatives mondiales pour la santé (IMS).
Né d’un dialogue multipartite qui a abouti au processus “Avenir des Initiatives mondiales pour la santé” (FGHI), L’agenda de Lusaka a été lancé le 12 décembre 2023, date de célébration de la journée de la couverture santé universelle. Il englobe à la fois des changements à long terme et des actions immédiates telles que le travail et la supervision conjoints, la simplification des processus de subvention et la garantie de la transparence des flux financiers dans le but de mettre en place un système de financement de la santé efficace ayant de l’impact, en particulier lorsque les ressources sont limitées.
Agenda de Lusaka – quel est son contenu?
L’agenda de Lusaka établit un calendrier pour l’engagement conjoint des IMS dans les pays pionniers qui présentent différents niveaux de maturité des systèmes. Les conclusions de Lusaka ont suscité des réactions diverses, avec des préoccupations concernant le rôle prédominant des entités gouvernementales dans sa mise en œuvre et l’espace perçu comme limité pour les organisations de la société civile (OSC) et les communautés. En outre, le “rôle de consolidation” attribué aux IMS dans le cadre de l’agenda de Lusaka a été interprété de manière erronée. Contrairement à ces perceptions, l’agenda met en relief cinq changements spécifiques à long terme que chaque IMS est censée accélérer de manière indépendante, loin de toute approche de consolidation (voir l’encadré 1 ci-dessous).
De manière remarquable, certains des changements proposés s’alignent sur des éléments déjà décrits dans la stratégie sexennale du Fonds mondial, assortis d’indicateurs clés de performance (ICP). Toutefois, des critiques ont été émises sur le manque de clarté de l’agenda concernant les questions qu’il entend traiter. Des voix se sont élevées pour demander de mettre davantage l’accent sur les moyens d’améliorer l’efficacité au niveau national et d’assurer une meilleure coordination entre ces institutions. Il convient donc de se concentrer sur la résolution de ces défis pratiques afin d’améliorer l’impact des IMS.
Quelle en est la pertinence pour l’Afrique?
Pour l’Afrique, l’agenda de Lusaka met en lumière l’évolution de la santé mondiale, marquée par des priorités changeantes en matière de financement et par le risque imminent d’une réduction du financement des bailleurs de fonds. L’initiative sert de signal d’alarme, invitant à établir des priorités et à agir d’urgence pour éviter d’éventuelles perturbations des programmes au niveau national qui pourraient avoir de graves conséquences sur les progrès accomplis jusqu’à présent. Cet agenda offre également une opportunité de remédier à la position impuissante de nombreux pays dans les négociations avec les IMS, en soulignant la nécessité d’un engagement africain renforcé sur les questions prioritaires pour le continent.
Les organisations de la société civile et les communautés africaines ont également eu l’opportunité de jouer un rôle crucial dans la mise en œuvre de l’agenda de Lusaka en s’engageant activement dans la coordination et la collaboration au niveau national, en contribuant aux conseils d’administration des IMS tels que celui du Fonds mondial pour superviser la mise en œuvre de l’agenda, et en incorporant les cinq changements dans leurs propres opérations.
Pilotage de l’agenda de Lusaka
Les coprésidents de l’agenda de Lusaka du Ghana, du Canada et d’Amref Health Africa sont en train de constituer un groupe de pilotage informel dont les membres proviennent à la fois du groupe de pilotage de l’Initiave FGHI et d’ailleurs. L’action collective vise à ancrer l’agenda au sein des conseils d’administration des IMS et des agendas de l’Union africaine. Leurs principaux objectifs consistent à lancer la mise en œuvre de l’agenda de Lusaka et à impliquer les parties prenantes telles que les IMS, les organisations de la société civile et un éventail plus large de donateurs et de pays responsables de mise en œuvre.
En travaillant ensemble, les changements clés proposés par les IMS peuvent contribuer à éviter les interruptions de programme, renforcer l’autonomie des pays, accroître l’efficacité et l’impact, et supprimer les cloisonnements, ce qui se traduira par des interventions plus efficaces. Cette approche ouvre donc la voie à un processus de transformation vers un avenir envisagé conjointement, celui de systèmes de santé financés au niveau national et d’une couverture sanitaire universelle qui ne laisse personne de côté.
Perspectives
L’agenda de Lusaka occupe le devant de la scène dans le discours sur la santé mondiale et marque un changement de paradigme vers des initiatives de santé plus impactantes, plus coopératives et plus durables. La représentation africaine au sein du groupe de pilotage provisoire de l’agenda de Lusaka et des processus de consultation plus étendus contribueront à façonner la collaboration future autour de l’alignement du financement de la santé mondiale, garantissant ainsi une approche plus inclusive et plus réactive pour relever les défis de la santé mondiale.