Huit ans après le lancement de la Journée mondiale de la discrimination zéro, les organisations de la société civile ont félicité le gouvernement pour les progrès réalisés jusqu’à présent afin que davantage de personnes jouissent de leurs droits sans discrimination.
Lancée le 1er mars 2014, la Journée zéro discrimination a été instaurée à l’origine par le Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) dans le but de mettre en évidence la manière dont les gens peuvent s’informer sur le VIH et devenir des ambassadeurs de la promotion des droits des personnes vivant avec le virus.
Au fil des ans cependant, la Journée zéro discrimination est devenue un mouvement mondial et un appel à l’action pour l’éradication de la discrimination sous toutes ses formes, ainsi que pour la promotion de la tolérance et de l’inclusion sociale.
Cette année, la journée est placée sous le thème ” Décriminalisons pour sauver des vies”, afin de mettre en relief la manière dont la décriminalisation des populations clés et des personnes vivant avec le VIH permet de sauver des vies et contribue à faire avancer l’éradication de la pandémie de sida.
Josephat Kakoma, Directeur Exécutif du Bureau de la circonscription africaine pour le Fonds mondial, a déclaré que cette journée était l’occasion de célébrer ce qui a été accompli dans la lutte contre le VIH et donner une nouvelle dynamique à l’éradication de l’épidémie d’ici à 2030.
“La Journée zéro discrimination est l’occasion de réfléchir aux progrès significatifs qui ont été accomplis dans le cadre de la lutte contre le VIH et le Sida et à la meilleure façon de renforcer la dynamique et d’accélérer les progrès. Bien que le nombre de nouvelles infections à VIH ait fortement diminué et que davantage de personnes bénéficient de traitements antirétroviraux salvateurs, l’épidémie de VIH continue de progresser au sein des populations clés. Cette journée est l’occasion de renouveler notre appel à tous les gouvernements africains en faveur d’une intensification des programmes visant à améliorer l’accès des populations clés aux services liés au VIH, et ce, en veillant à ne laisser personne de côté”, a t-il déclaré.
Dépénalisation des travailleurs.ses du sexe
Le Centre Biomédical du Rwanda estime que 35,5 % des femmes âgées de 15 ans et plus qui se livrent au commerce du sexe au Rwanda sont séropositives. En outre, les travailleuses du sexe contribuent à 46 % des nouvelles infections par le VIH, tandis que leurs clients pourraient contribuer à 9-11 % des nouvelles infections.
Jocelyne Ingabire, directrice de l’action communautaire au sein de la Health Development Initiative (HDI), explique que c’est grâce à des données probantes et à un travail de plaidoyer mené conjointement avec des organisations de la société civile et le gouvernement que les femmes engagées dans le commerce du sexe ont été reconnues comme un groupe clé dans la lutte contre le VIH et qu’elles ont été considérées comme prioritaires dans le plan stratégique national 2020-2024 sur le VIH et le sida.
En conséquence, la prostitution a été décriminalisée et toutes les infractions liées à la prostitution ont été supprimées du code pénal révisé en 2018.
Cette dernière a fait remarquer que ce progrès continue de jouer un rôle important dans le cheminement du pays vers l’accès universel aux services de lutte contre le VIH et le sida et l’aspiration à mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030.
“Les lois pénales ciblant les populations clés ne font pas seulement accroître la stigmatisation à laquelle elles sont confrontées, elles créent également des obstacles au soutien et aux services dont elles ont besoin pour mener une vie saine et épanouie. La dépénalisation du commerce du sexe est une étape très importante et un élément essentiel de la riposte au VIH en temps opportun et de manière inclusive”, a-t-elle déclaré.
Selon Ingabire, la décriminalisation de la prostitution a permis d’augmenter le nombre de travailleurs du sexe qui recherchent actuellement un ensemble complet de services de prévention et de traitement du VIH, comprenant notamment le conseil et l’évaluation des risques, le dépistage du VIH et des IST et l’initiation d’un traitement à vie.
“Dans le cadre de notre travail en faveur des populations clés, nous reconnaissons que, même s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, l’élargissement des services de prévention et de soins du VIH, tels que les programmes dirigés par les pairs, l’accès aux préservatifs, les services de proximité et le lien avec le dépistage et la prise en charge du VIH, se sont améliorés “, a-t-elle déclaré.
Le Secrétaire exécutif du Forum des ONG rwandaises sur le VIH/sida et la promotion de la santé, Nooliet Kabanyana, affirme que la dépénalisation du commerce du sexe a eu un impact sur la prévention et le traitement du VIH au Rwanda.
“La dépénalisation du commerce du sexe donne aux personnes impliquées dans ce commerce une opportunité de travailler dans un environnement sûr permettant de réduire les comportements à risque, d’accroître leur capacité à négocier des conditions de transactions sexuelles sûres telles que l’utilisation de préservatifs, et d’améliorer l’accès aux services de santé, dont les soins liés au VIH”, a-t-il déclaré.
Politique d’intégration des personnes en situation de handicap
En 2021, le gouvernement a approuvé la Politique nationale pour les personnes en situation de handicap et un plan stratégique quadriennal allant de 2021 à 2024.
La politique visait à promouvoir la pleine inclusion et la participation des Personnes ayant un Handicap dans tous les secteurs de la société rwandaise, à traiter les problèmes qui les affectent et à promouvoir une société inclusive, sans barrières, et fondée sur les droits.
S’exprimant sur l’approbation de cette politique, le député Eugène Mussolini, qui représente les personnes en situation de handicap à la chambre basse du Parlement, a déclaré que la mise en place de cette politique confère aux personnes en situation de handicap, la dignité que la plupart d’entre elles estimaient ne pas avoir auparavant.
“Avec les responsabilités spécifiques qui incombent à chaque institution, cette mesure aidera certainement à catégoriser les personnes en situation de handicap et à savoir lesquelles ont besoin d’un soutien plus important que les autres. Je pense que nous allons assister à un changement, car il est temps que nous cessions d’être traités comme des mendiants”, a-t-il déclaré.
La politique définit des directives claires pour dix ministères, toutes les organisations de la société civile, les médias et l’Institut national de la statistique du Rwanda (NISR) et prévoit la désignation d’au moins une personne de référence responsable des questions liées au handicap dans chacune des institutions afin d’assurer la liaison avec le Conseil national pour les personnes en situation de handicap (NCPD) en vue de l’intégration de la dimension de handicap dans les interventions.