LeFonds mondialde lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est un partenariat international qui soutient la lutte contre ces trois maladies dans plus de 100 pays depuis 2002. Les instances de coordination nationale (ICN) sont des organes de gouvernance nationaux qui jouent un rôle central dans le modèle du Fonds mondial. Leur mission est de coordonner les efforts de diverses parties prenantes dans le cadre de l’élaboration et de la soumission des demandes de financement, ainsi que du suivi stratégique des programmes financés par les subventions.
Le projet RISE (Representation, Inclusion, Sustainability, Equity) s’est attelé à mettre en lumière l’importance de l’engagement communautaire en vue de l’amélioration du fonctionnement des ICNduFonds mondial.
Objectifs du projet RISE
L’étude RISE a été lancée dans l’optique d’évaluer la participation significative des communautés et de la société civile au sein des ICN. Ladite étude entend combler un déficit flagrant de données empiriques de haute qualité sur le fonctionnement des ICN, du point de vue des communautés les plus affectées par les programmes. Ces données peuvent être utilisées pour identifier les domaines spécifiques dans lesquels des améliorations sont nécessaires en vue de renforcer l’engagement communautaire,[i] ainsi que les leviers et les opportunités pour assurer le bon fonctionnement des ICN en assurant la prise en compte effective des priorités des personnes les plus affectées.
Déroulement de l’étude
S’appuyant sur les expériences acquises dans le cadre du projet Evolution des ICN et du Bureau de l’Inspecteur Général, RISE a été conçu comme une étude de recherche participative qui utilise des indicateurs élaborés par les communautés, et formule des recommandations en collaboration avec une coalition de représentants de la société civile au sein des ICN, de défenseurs du Fonds mondial et de partenaires académiques et techniques internationaux. [ii]
Le projet RISE est dirigé par un comité de pilotage indépendant composé de représentants des communautés au sein des ICN, de partenaires de la société civile au niveau mondial et de chercheurs issus de 13 organisations réparties dans 11 pays .
Parmi ses méthodes de collecte de données, figurent principalement : 1) une enquête électronique administrée à l’échelle mondiale et 2) des entretiens approfondis menés dans un sous-ensemble des pays enquêtés. Les participants éligibles à l’enquête provenaient de 83 pays issus de l’Afrique centrale, de l’Ouest, Australe et du Nord, de l’Amérique centrale et du Sud, de l’Asie du Sud, du Sud-Est, de l’Ouest et centrale, de l’Europe de l’Est et du Sud ainsi que des Caraïbes.
Constats
Les données de l’enquête RISE montrent une forte présence de membres communautaires au sein des ICN, en particulier issus des populations clés. Les résultats indiquent également un engagement élevé des communautés dans les comités des ICN. Toutefois, malgré leur importance dans plusieurs pays, le nombre de sièges au sein des ICN n’est pas toujours suffisant pour garantir un engagement significatif de la part des communautés.
En effet, pour que les communautés puissent participer aux processus du Fonds mondial, elles doivent au moins être présentes dans les salles où les décisions sont prises. Bien que la représentation soit élevée, les résultats de l’enquête RISE ont mis en évidence la nécessité d’améliorer la qualité de l’engagement communautaire au sein des comités en renforçant l’intégration et la formation des membres afin de les préparer à leurs fonctions.
De manière générale, de nombreuses ICN sont régies par un secrétariat ou un comité exécutif, souvent dirigé par des représentants du gouvernement ou de la société civile. Dans de tels cas, la transparence et la participation aux décisions fondamentales concernant le fonctionnement de l’ICN ont été identifiées comme un besoin important, étant donné le rôle central du secrétariat dans l’établissement du programme de travail de l’ICN et dans la gestion du financement du fonctionnement de l’ICN.[iii]
Les résultats de l’étude montrent qu’il est possible d’éliminer les obstacles spécifiques au contexte qui entravent l’adhésion à l’ICN et d’améliorer l’engagement actif des représentants communautaires dans toutes les activités de l’ICN au cours du cycle de trois ans. En outre, la consultation des membres des communautés ne faisant pas partie de l’ICN pourrait être améliorée grâce à un soutien renforcé, afin de mieux prendre en compte les points de vue et les priorités des personnes affectées par les trois maladies.
Opportunités de renforcement de l’engagement communautaire
L’étude RISE a identifié des opportunités susceptibles de contribuer au renforcement de l’engagement communautaire en vue d’optimiser les ICN. Il s’agit notamment d’assurer une représentation équilibrée des communautés et des populations clés au sein de l’ICN, de faire participer les représentants communautaires à toutes les activités essentielles de l’ICN, de renforcer les canaux de communication entre les membres communautaires de l’ICN et les populations qu’ils représentent, de leur donner accès aux outils, à l’information, au financement et aux ressources, d’assurer une plus grande transparence et un meilleur accès au suivi stratégique des subventions d’assurer la protection des représentants communautaires contre l’intimidation et la discrimination, et d’accroître le soutien aux communautés œuvrant dans des contextes politiques difficiles
Recommandations issues de l’étude
A l’issue de l’enquête, les recommandations suivantes ont été formulées dans l’optique d’assurer un renforcement efficace de la qualité de l’engagement communautaire au sein des ICN:
Renforcer les initiatives dirigées par le Secrétariat en vue d’informer les représentants de l’ICN et les autres partenaires du Fonds mondial sur les politiques et orientations de l’ICN.
Accroître le soutien à l’engagement communautaire tout au long du cycle triennal
Mettre en œuvre un mécanisme de partage des données permettant de disposer d’informations opportunes, accessibles et traduites sur le financement et les performances des subventions
Créer des mécanismes de financement pour favoriser le mentorat entre pairs parmi les représentants communautaires au sein de l’ICN
Mettre en place des mécanismes de signalement pour garantir la transparence, et des flux de financement suffisants pour la participation des communautés aux mécanismes du Fonds mondial.
Organiser un forum d’apprentissage transnational pour les représentants des communautés au sein des ICN
Renforcer les mécanismes de redevabilité pour signaler les fautes et les abus; renforcer la dénonciation et intensifier les actions de sensibilisation.[1]
Les circonscriptions africaines au Fonds mondial ont salué la réalisation de l’étude RISE tout en soulignant l’importance des ICN qui jouent un rôle déterminant dans les pays du continent pour optimiser l’impact du Fonds Mondial. Elles ont relevé par ailleurs que la communauté et les autres acteurs non étatiques sont essentiels pour lutter efficacement contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, et soutiennent les recommandations de l’étude RISE, notamment, le renforcement du fonctionnement des ICN et celui des organisations de la société civile et communautaires au niveau local.
En outre, elles pensent qu’avant même de solliciter de nouveaux flux de financement, il est important que les organisations communautaires et les autres OSC nationales qui travaillent à la mise en œuvre obtiennent les frais généraux qui sont accordés aux ONG internationales en vue de soutenir la représentation, l’inclusion, la pérennité et l’équité.