La République Démocratique de São Tomé et Príncipe (STP) située en Afrique de l’Ouest est constituée de deux îles principales (São Tomé et Príncipe).
Selon les données de la Banque Mondiale en 2020, la population est de 219.161; la population féminine représente 50,9 % de la population totale. Environ 32,1% de la population vit dans les zones rurales et 67,9% dans les zones urbaines. La population de STP est majoritairement jeune, avec un taux d’accroissement de 2% en 2019. La proportion d’enfants de moins de 5 ans est de 12,1%. La tranche d’âge 5-14 ans représente 25,5%, la tranche d’âge 15-64 ans 59,2% et 3,2% correspondent aux personnes âgées de plus de 65 ans.
L’économie de STP, comme celle des autres Petits États Insulaires en Développement (PEID), est fortement conditionnée par l’insularité, la fragilité, les ressources limitées et la faible capacité d’absorption du en matière de de gouvernance, de l’impossibilité de fournir des services de base à la population et manque d’infrastructures adéquates. La croissance économique a été stimulée par une dépendance insoutenable à l’égard des dépenses publiques, en particulier des investissements publics financés par des subventions ou des prêts. Le taux de croissance annuel du PIB est passé de 4,4 % en 2011 à 2,7 % en 2018. L’investissement public a atteint un pic à 31,5 % du PIB en 2011 avant de chuter brutalement à 9 % en 2018. Le pays est actuellement classé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en termes d’indice de Développement Humain à la position 137 sur 187 pays. Du point de vue de la corruption, l’indice de perception de la corruption 2020 (Transparency International) classe le pays au 63e rang sur 180 pays.
Compte tenu de ces faiblesses et du taux de pauvreté élevé de 66%, STP continue de bénéficier d’une aide extérieure importante, tant multilatérale (Banque mondiale, BAD, Union européenne, FMI, agences des Nations Unies) que bilatérale (Portugal, Brésil, Chine, Nigeria). Cependant, la situation sociale de STP reste assez préoccupante par rapport à certains indicateurs de développement humain, comme l’objectif d’éradiquer l’extrême pauvreté et la faim.
STP reçoit l’aide du Fonds mondial depuis 2005, principal bailleur de fonds pour la lutte contre le Paludisme, 2006 pour le Sida et 2007 pour la TB, grâce à un modèle de financement unique, basé sur le partenariat, qui a produit un impact positif.
Grâce à ces subventions, le pays a obtenu de bons résultats dans la lutte contre le paludisme et il est considéré comme capable d’éliminer le paludisme en 2025.
En ce qui concerne le VIH/sida, actuellement, STP est caractérisée par une épidémie faible mais concentrée, avec une tendance à la baisse, selon les données sur les nouvelles infections (0,6 %) enregistrées en 2013 (Rapport ONUSIDA 2014).
Entre 2008 et 2014, la prévalence de cette maladie diminue dans les groupes d’âge 15-24 ans et 15-49 ans, passant de 1,5% (IDS 2009) à 0,5% (MICS 2014) dans le premier groupe et de 0,8% à 0,1% dans le second groupe.
La séroprévalence varie selon le lieu de résidence, les zones urbaines ayant le taux le plus bas (0,3 %) et les zones rurales le plus élevé (0,8 %). La charge de morbidité de l’infection par le VIH est inégalement répartie dans le pays. Au nord, il est de 0,6 %, au sud de 0,4 %, au centre de 0,3 % et dans la région autonome de Príncipe de 1,7 % (MICS 2014).
La tuberculose reste un grave problème de santé publique national avec un taux d’incidence de 124/100 000 habitants en 2019 (touchant principalement les adultes, les jeunes et les personnes vivant avec le VIH/sida) (OMS, 2019). L’émergence de cas de tuberculose résistante (MDR-TB) aggrave la situation et constitue une charge supplémentaire pour le système de santé, alertant ainsi sur la nécessité de renforcer le système de dépistage et de traitement correct des cas.
Par ailleurs, grâce à ces financements, le renforcement de la décentralisation et de l’intégration des activités liées à la Tuberculose et au VIH, avec l’introduction du GeneXpert et des tests de la charge virale, a permis d’améliorer le diagnostic et le suivi des patients. L’accent mis sur le traitement soutenu par les Agents de santé communautaires (ASC) et l’attention portée aux Populations clés (PC) ont amélioré de nombreux indicateurs permettant d’atteindre l’objectif principal d’élimination de la Tuberculose (TB) et du VIH/SIDA d’ici 2035.
De 2005 à 2020, le bénéficiaire principal du financement du Fonds mondial était le PNUD, avec une équipe de gestion créée spécifiquement à cet effet.
Cette décision avait été prise parce que, comme nous le savons, pour le financement du Fonds mondial, la priorité est que le bénéficiaire principal soit une ou plusieurs entités ou institutions nationales. Toutefois, pour ce faire, l’une des deux conditions suivantes doit être remplie : le pays ne doit pas être en conflit ou le pays doit avoir des capacités fiduciaires pour garantir la gestion des fonds du Fonds mondial. Et lorsque le pays est en conflit ou que le pays n’a pas les capacités fiduciaires pour garantir la gestion des fonds du Fonds mondial, le PNUD ou autres agences de nations unies sont appelés à gérer les subventions du Fonds mondial jusqu’à ce que ces conditions soient en place.
Dans le cas de São Tomé et Príncipe, un pays plutôt pacifique et sans conflit, des évaluations faites en 2004 ont montré que le pays ne disposait pas des capacités et des compétences des entités ou institutions nationales pour gérer efficacement les subventions du Fonds mondial. C’est la raison pour laquelle le PNUD a été appelé à devenir un bénéficiaire principal à partir de 2005, avec pour mission de renforcer les capacités nationales afin qu’à l’avenir il puisse devenir un bénéficiaire principal et être en mesure de gérer les financements du Fonds mondial en toute transparence.
Début 2020, sur décision du Fonds mondial, le Ministère de la Santé a été désigné pour assurer la gestion des fonds du Fonds mondial, pour la subvention STP-Z-MOH pour la période 2021-2023.
Pour la gestion de ces fonds du Fonds mondial, le Gouvernement de São Tomé et Príncipe à travers le Ministère de la Santé a créé la Cellule de Gestion des Subventions (CGS), par le décret n° 21/2020, a créé le Régime Juridique de la Cellule de Gestion des Subventions (CGS).
Dans l’exécution de ses activités, le CGS est régi par les lois nationales, et doit observer également les principes, les modèles de gestion, les règles et les procédures spécifiques aux situations d’accords de financement de projets, notamment du Fonds Mondial (FM), de l’Alliance internationale pour la vaccination et l’immunisation (GAVI), du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et d’autres institutions internationales de financement, organisations internationales spécialisées ou entités de financement en matière administrative et financière, de soumission, de suivi, d’évaluation et de gestion des contrats.
Dans le cadre de cette subvention du Fonds mondial, São Tomé et Príncipe a reçu environ 11,6 millions d’euros pour financer les programmes de lutte contre le paludisme, le VIH-SIDA et la Tuberculose et de renforcement du système de santé, pour la période 2021-2023, le Ministère de la Santé étant le principal bénéficiaire. C’est la première fois que São Tomé-et-Principe (Ministère de la Santé) assume la responsabilité de bénéficiaire principal du Fonds mondial.
D’autre part, l’État de São Tomé s’est engagé à contribuer à hauteur d’environ un million d’euros, comme convenu ; il convient donc de faire participer tous les acteurs concernés ; les entités nationales directement ou indirectement impliquées dans ce processus de lutte contre les maladies susmentionnées, dans une perspective de développement durable.
Le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour honorer cet engagement, et tout manquement de Sao Tomé-et-Principe peut causer un préjudice en termes de faisabilité et d’efficacité.
Le secteur public et les ONG nationales font partie de la gestion de cette subvention en tant que Sous Récipiendaires, à savoir :
a) Institutions publiques :
b) ONG nationales
Le ministère de la Santé étant le Bénéficiaire Principal, l’un des gains financiers immédiats est que le montant du frais de gestion qui était destinés au PNUD est désormais reversé aux activités liées à la subvention. D’autre part, ce fait démontre que les entités nationales sont déjà dotées des capacités et des compétences nécessaires pour assurer la gestion des subventions par le Fonds mondial et d’autres partenaires internationaux, y compris l’établissement de partenariats avec des partenaires bilatéraux et multilatéraux.
Au début de cette année, par exemple, un protocole d’accord a été signé entre le ministère de la Santé, en tant que bénéficiaire principal, et le PNUD. Ce protocole d’accord comprend des activités pour la construction d’un entrepôt, diverses réhabilitations, l’acquisition d’équipements informatiques, l’achat de véhicules et motos, ainsi que la réalisation d’une assistance technique dans les domaines relevant du mandat du PNUD qui est un Agent de mise en oeuvre de certaines activités à travers d’un Protocole d’Accord signé avec le Ministère de la Santé.
Un processus de rédaction (en phase finale) d’un protocole d’accord entre le ministère de la Santé, principal bénéficiaire, et l’OMS, qui sera chargée de la mise en œuvre de l’assistance technique dans les domaines techniques liés au SIDA, à la Tuberculose et au Paludisme et au renforcement du système de santé, est également en cours.
Dans la cadre du protocole d’accord avec le PNUD, un conseiller technique a été sélectionné pour soutenir le CGS.
L’organigramme du CGS prévoit les postes de deux auditeurs internes, cadres de l’Inspection générale des finances, qui consacrent alternativement 20 % de leur temps à la subvention STP-Z-MOH en cours. C’est l’alternative trouvée du fait que le pays ne dispose pas d’Agent fiscal.
En parallèle, un Local Fund Agent local a été recruté par le Fond Mondial pour assurer le suivi et la vérification des dépenses dans le cadre de la subvention STP-Z-MOH, en tenant compte des restrictions sur les voyages internationaux dues à la pandémie de COVID-19.
En ce qui concerne le système d’information, il est mis en œuvre grâce au financement du Fonds mondial DHIS2 ainsi que de MSupply.
En ce qui concerne la gestion des achats, pour l’acquisition de produits et d’équipements de santé, le CGS utilise la plateforme Wambo, qui s’avère très efficace. Cependant, dans le contexte de COVID-19, et parce que STP est un pays insulaire, de nombreuses difficultés existent au niveau du processus de fret et de transport, tant aérien que maritime, contribuant ainsi à des retards successifs dans la réception de ces produits de santé, ainsi qu’à des risques de ruptures de stock.
Un comité de quantification a été créé et validé, et attend un décret de nomination de la part des autorités supérieures.
Idalecio Aguiar