Le CA du Fonds mondial vient de clôturer sa 46ème réunion tenue du 8 au 10 novembre 2021. Le CA a adopté une nouvelle répartition des allocations par maladie après de nombreuses discussions au fil des mois.
Qu’est-ce que la répartition des allocations par maladie du Fonds mondial?
Le CA du Fonds mondial utilise la répartition des allocations par maladie pour affecter les fonds provenant de la reconstitution des ressources aux trois maladies contre lesquelles il lutte. Le cycle de financement du Fonds mondial est de trois ans; le Fonds mondial collecte des fonds (par le biais de la reconstitution des ressources) et les alloue à une centaine de pays en utilisant une formule qui tient compte de la capacité de payer des pays, de la charge de morbidité et de la répartition des allocations entre les maladies. Actuellement, le VIH reçoit environ 50 %, la tuberculose 18 % et le paludisme 32 % après répartition des ressources entre les pays. Suite à l’adoption de ce changement, pour le prochain cycle d’allocation, la nouvelle répartition des allocations par maladie est la suivante.
Les fonds disponibles pour l’allocation aux pays jusqu’à concurrence de 12 milliards de dollars US seront alloués conformément à la répartition existante: 50 % pour le VIH/SIDA, 18 % pour la tuberculose et 32 % pour le paludisme; et
Tout fonds supplémentaire disponible pour l’allocation aux pays au-delà de 12 milliards de dollars US sera réparti comme suit:
45% de ces fonds seront alloués au VIH/SIDA;
25 % de ces fonds seront alloués à la tuberculose; et
30 % de ces fonds seront consacrés au paludisme.
Pourquoi ce changement dans la répartition des allocations par maladie du Fonds mondial?
Les défenseurs de la tuberculose ont attiré l’attention sur le taux de mortalité plus élevé de cette maladie. Environ 1 500 000 personnes meurent de tuberculose chaque année, sur les quelque 10 millions de personnes touchées par cette maladie chaque année. En revanche, le nombre de décès annuels dus au VIH est d’environ 680 000. Quant au paludisme, 400 000 personnes en meurent sur les 229 millions de cas recensés.
Tableau 1: charge de morbidité et décès annuels dus au VIH, au paludisme et à la tuberculose
Charge de morbidité
Décès annuels dus à la maladie
VIH
38 000000
680 000
Paludisme
229 000 000 cas (annuel)
400 000
Les circonscriptions africaines ont attiré l’attention sur la charge de morbidité et pas seulement la mortalité. Elles craignaient que la réduction des fonds alloués à la lutte contre le VIH et le paludisme dans le contexte de la COVID 19 n’entraîne une augmentation du taux de mortalité dans quelques années. La mortalité est une conséquence de l’échec de la prévention ou du traitement.
Actuellement, plus de 70 % des personnes vivant avec le VIH se trouvent en Afrique. Le continent abrite également plus de 90 % des personnes touchées par le paludisme. En revanche, seules 24 % des personnes affectées par la tuberculose se trouvent en Afrique.
Quel est l’impact de la modification de la répartition des allocations par maladie sur l’Afrique?
Techniquement, la répartition des allocations entre les maladies est un jeu à somme nulle au sein du Fonds mondial. En d’autres termes, l’augmentation du financement de la tuberculose proviendra du VIH et du paludisme. Et dans l’ensemble, le continent pourrait recevoir moins de fonds.
Le Secrétariat a souligné que l’allocation finale à tous les pays dépendait également de nombreux facteurs lors d’une présentation aux circonscriptions africaines pendant la réunion préalable au CA. Le premier facteur est la réussite de la reconstitution des ressources, puis la charge de morbidité et le revenu national brut. Les pays africains ayant malheureusement toujours un RNB inférieur aux autres en moyenne, ils recevront davantage de fonds. Le Secrétariat a expliqué que c’est le taux de croissance du financement qui pourrait diminuer et non le montant lui-même si la reconstitution des ressources apportait des fonds similaires.
Il est à noter que le Fonds mondial utilise un ajustement qualitatif pour modifier davantage le montant de l’allocation initiale du pays suggéré à l’aide de la formule. L’ ajustement qualitatif vise à maximiser l’impact de l’investissement du Fonds mondial en tenant compte des populations clés et d’autres éléments de contexte comme l’absorption des subventions précédentes. Ainsi, le Fonds mondial peut modifier légèrement les résultats obtenus par la formule, à la hausse ou à la baisse.
Les défenseurs de la tuberculose ont également attiré l’attention sur le fait que la mortalité liée à cette maladie est plus élevée en Afrique que dans d’autres parties du monde. Ils ont donc affirmé que la modification de la répartition des allocations par maladie n’aura pas que des conséquences négatives pour l’Afrique, car l’augmentation des fonds alloués à la tuberculose contribuera à réduire la mortalité liée à cette maladie.
Questions liées à la mise en œuvre
Dans l’ensemble, il est important de noter que la répartition des allocations par maladie et l’allocation par pays ne sont pas les seuls déterminants des investissements du Fonds mondial dans nos pays. La mise en œuvre et l’absorption des subventions jouent un rôle important. Celles-ci déterminent également l’optimisation du portefeuille, qui est un processus par lequel le Fonds mondial réaffecte les ressources qui ne seront pas utilisées par le pays auquel elles ont été initialement allouées à la fin du cycle à d’autres pays qui en ont besoin. L’absorption globale des subventions en 2019 a été de 81%, ce qui signifie qu’en moyenne 19% des allocations n’ont pas été utilisées par les programmes.
En d’autres termes, les fonds disponibles pour les programmes peuvent être différents de l’allocation, qui est elle-même basée en partie sur la répartition des allocations par maladie.
Nos pays doivent par conséquent se concentrer sur la mise en œuvre des activités.