Lors de la 46e réunion du CA du Fonds mondial qui vient de s’achever, la stratégie 2023-2028 révisée du Fonds mondial a été dévoilée. Elle arrive à un moment où la COVID19 risque de mettre en péril les avancées durement acquises en matière de santé, notamment dans le domaine du VIH, de la tuberculose et du paludisme. La communauté mondiale de la santé est sous pression en ce qui concerne la réalisation des objectifs de développement d’ici 2030, d’où la publication du plan stratégique tant attendu. La mise en œuvre de ce plan stratégique est tributaire d’une mobilisation de ressources bien orchestrée et les activités liées à la septième reconstitution des ressources du Fonds mondial seront bientôt dévoilées.
Dans le cadre de la préparation de la septième reconstitution des ressources, la campagne du 20e anniversaire du Fonds mondial, lancée en juin 2021, a mis en évidence l’impact remarquable du Fonds mondial sur le parcours des communautés dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Partant de cet élan, la collecte des informations et la réflexion sur les réalisations, les politiques et les recommandations des circonscriptions de l’Afrique de l’Est et australe (AEA) et de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC) ont permis d’apporter un éclairage supplémentaire sur l’impact du Fonds mondial sur le continent.
Quelles ont donc été les réalisations de nos circonscriptions dans les domaines que nos circonscriptions ont identifiés comme prioritaires, tels que:
La stratégie de santé communautaire du Kenya recommande l’intégration de la prestation de services au niveau communautaire. Les principales interventions de RSC financées par la subvention du Fonds mondial ont été les suivantes:
Ces interventions de RSC ont contribué à améliorer la vie d’un grand nombre de personnes, notamment en renforçant les capacités des volontaires de la santé communautaire (VSC) à collecter des données précises et fiables et à utiliser les outils essentiels de suivi et d’information sur la santé des ménages mis au point par le Ministère de la santé. Les VSC reçoivent des kits médicaux adéquats de formation, étant à la fois le premier point de contact avec la communauté et des acteurs essentiels dans la mise en œuvre des campagnes de lutte contre le VIH visant à réduire la stigmatisation et à accroître l’accès aux soins.
Les bénéficiaires des programmes et interventions de RSC au Kenya soulignent la nécessité pour le gouvernement d’assurer la continuité des activités, y compris la fourniture de produits de base malgré les restrictions liées à la covid-19. Une action spécifique du gouvernement et des partenaires au développement a été d’aider les comtés à jouer un rôle actif dans la mobilisation des ressources intérieures.
Dans un autre pays d’Afrique de l’Est, l’Éthiopie, où la subvention du Fonds mondial est fortement axée sur les produits de base (plus de 70% de la subvention est allouée à l’achat de produits pharmaceutiques et de santé), la contribution de la subvention du Fonds mondial englobe l’allocation de ressources pour l’achat de produits pharmaceutiques et de santé, le stockage et la distribution, ainsi que l’investissement dans les infrastructures et les ressources humaines. Les subventions du Fonds mondial ont également permis d’améliorer le système de gestion des approvisionnements en médicaments et en produits de santé. En ce qui concerne l’achat de médicaments et de produits de santé vitaux, le pays a utilisé la plateforme Wambo.org du Fonds mondial, qui a été essentielle pour assurer la disponibilité de médicaments en petites quantités mais essentiels, tels que les ARV et les produits de santé, comblant ainsi les déficits d’approvisionnement.
En examinant la voie à suivre, le pays souligne la nécessité de soutenir la fabrication et l’approvisionnement locaux de produits pharmaceutiques et de santé, ce qui permettra d’assurer la pérennité et la disponibilité continue des médicaments essentiels dans le pays.
En Afrique de l’Ouest et centrale, le Sénégal a investi dans des programmes visant à éliminer les barrières liées au genre et aux droits de l’homme. Cette approche fait partie de l’initiative “Breaking Down Barriers” du Fonds mondial, qui implique 20 pays, dont le Sénégal. C’est dans ce cadre que les inégalités et les barrières liées aux droits humains, au genre et à l’âge qui entravent l’accès aux services ont été identifiées. Il s’agit notamment des comportements discriminatoires, de la violence à l’encontre des populations clés et des personnes vivant avec le VIH, des lois et des normes sociales défavorables à la santé sexuelle et reproductive (SSR) des adolescents, de la stigmatisation et des attitudes de jugement des prestataires de services à l’égard des adolescents et, des obstacles juridiques liés à l’âge auquel le dépistage peut être effectué (16 ans).
L’intensification du plaidoyer par l’établissement de nouvelles alliances impliquant notamment les parlementaires et les ministères concernés, ainsi que l’atténuation de la nature sensible des questions soulevées en se focalisant uniquement sur les préoccupations de santé publique constitueront des actions sur lesquelles devront insister toutes les parties prenantes impliquées dans la lutte contre les obstacles liés au genre et aux droits humains.
Le Cameroun dispose de stratégies bien définies pour s’attaquer aux obstacles liés aux droits humains et au genre en ce qui concerne la tuberculose et le VIH. Les activités soutenues par les subventions du Fonds mondial comprennent la lutte contre la stigmatisation sociale et la discrimination au sein des populations clés, la formation des travailleurs de la santé aux questions de droits de l’homme liées aux deux maladies, la fourniture de services juridiques liés à la tuberculose et au VIH, et le plaidoyer auprès des parlementaires et autres décideurs politiques en vue de la révision et de la réforme des lois, politiques et réglementations. En outre, les interventions visant à lever les obstacles liés au genre, à la pauvreté et aux inégalités socio-économiques qui entravent l’accès aux services ont été placées au premier plan.
Au Mali, les subventions du Fonds mondial sont mises en œuvre dans un contexte d’intervention difficile, où l’implication des organisations locales, des autorités et des communautés a été essentielle à la réussite des interventions dans des zones difficiles d’accès. En tant que pays à forte prévalence de paludisme, les initiatives transfrontalières exemplaires, qui méritent d’être soulignées sont l’alignement de la période de mise en œuvre de la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) sur les campagnes menées dans les pays voisins comme le Burkina Faso, la Guinée et le Sénégal. Il en est de même pour la distribution des moustiquaires de deuxième génération, tenant ainsi compte des réalités de la résistance géographique, notamment dans les régions frontalières du Burkina Faso. L’établissement d’un partenariat avec des organisations humanitaires pour mieux suivre la mise en œuvre dans les zones difficiles d’accès a été considéré comme une pratique qui mérite d’être intensifiée. Compte tenu du contexte d’intervention difficile, les partenaires sont appelés, avant leur intervention, à approfondir les échanges avec tous les partenaires actifs et locaux sur le terrain afin de mieux comprendre le contexte.
Les activités ayant un impact dans les pays susmentionnés constituent évidemment un aperçu des programmes mis en œuvre dans les circonscriptions de l’AEA/AOC. Il est de la plus haute importance que la 7ème reconstitution des ressources du Fonds mondial tienne compte des progrès réalisés jusqu’à présent et des lacunes identifiées par les pays bénéficiaires, et que, en s’inspirant de la stratégie du Fonds mondial nouvellement adoptée, ces derniers fassent des promesses et des contributions financières à la hauteur de leur engagement et de leur détermination renouvelés à mettre fin au VIH, à la tuberculose et au paludisme sur le continent.