La 74ème réunion du Comité régional de l’OMS/AFRO, qui s’est tenue à Brazzaville, en République du Congo, a constitué un moment crucial dans le processus de mise en oeuvre de L’Agenda de Lusaka —, cadre de transformation visant à remodeler les systèmes de santé en Afrique pour les rendre plus résilients et plus équitables. Lancé dans l’optique de renforcer les systèmes de santé en Afrique, l’Agenda de Lusaka a occupé une place centrale au cours de cette réunion. Lors d’un important événement parallèle intitulé «Faire progresser le leadership et la voix unifiée de l’Afrique en vue de la réalisation de l’agenda de Lusaka», les ministres africains de la santé et d’autres acteurs clés se sont réunis pour faire le point sur les progrès accomplis et définir les prochaines étapes de la mise en œuvre de cette initiative vitale.
Une attention renouvelée pour des solutions sanitaires pilotées par les africains
L’événement a mis en évidence un changement important en faveur de l’appropriation des résultats sanitaires par les africains. Le Dr Jean Kaseya, Directeur exécutif de CDC Afrique, a indiqué que le succès de l’Agenda de Lusaka est tributaire de la capacité des pays africains à diriger la mise en œuvre dudit Agenda. «Il nous incombe de veiller à la mise en œuvre et à l’application de l’Agenda de Lusaka”, a affirmé le Dr Kaseya. Il a souligné la nécessité pour les ministres de la santé de piloter cet agenda au niveau national, en élaborant des plans nationaux qui s’alignent sur les objectifs de l’agenda et en veillant à la responsabilisation des partenaires.
Ce sentiment a été relayé par S.E. le Dr Joe Phaahla, vice-ministre de la santé d’Afrique du Sud et président du conseil d’administration du BCA, qui a décrit l’Agenda de Lusaka comme une initiative allant au-delà d’une simple série de recommandations. « L’Agenda de Lusaka est une feuille de route stratégique conçue pour relever les défis sanitaires propres à l’Afrique en promouvant l’alignement, la cohérence et la pérennité de nos initiatives », a déclaré le Dr Phaahla. Il a souligné que ces changements sont essentiels, en particulier face aux pressions économiques et aux effets persistants de la pandémie de COVID-19.
Les ministres de la santé : avant-gardes de la mise en œuvre
Les ministres africains de la santé présents à l’événement ont réitéré leur engagement à veiller à la pleine intégration de l’Agenda de Lusaka dans leurs stratégies nationales en matière de santé. Cette intégration est considérée comme cruciale pour la mise en place d’une approche unifiée et cohérente de la gouvernance sanitaire sur l’ensemble du continent.
Le Malawi, par exemple, a déjà commencé à mettre en œuvre l’Agenda de Lusaka en passant de programmes de santé verticaux à un système plus intégré, orienté vers les services et fortement axé sur les soins de santé primaires. L’approche du Malawi, qui comprend l’élaboration d’un «plan unique» pour aligner les priorités des donateurs sur celles du pays, a été présentée comme un modèle pour d’autres pays.
De même, l’Éthiopie a souligné l’importance de faire preuve d’un engagement collectif en plaidant en faveur d’une aide extérieure harmonisée qui s’aligne sur les priorités nationales. L’Éthiopie est le chef de file en ce qui concerne les efforts visant à accroître l’appropriation par les pays et à promouvoir une représentation plus équitable dans la gouvernance mondiale de la santé, et elle considère l’Agenda de Lusaka comme un outil essentiel pour atteindre ces objectifs.
La voie à suivre: Des étapes concrètes et une action unifiée
Au fil des discussions, il est devenu évident que l’Agenda de Lusaka est plus qu’un simple cadre politique, c’est un appel à l’action. Les ministres africains de la santé et leurs partenaires ont convenu d’une feuille de route régionale pour guider la mise en œuvre de l’agenda. Cette feuille de route servira d’outil stratégique pour les pays africains, en vue de les aider à s’orienter dans le paysage complexe des initiatives mondiales pour la santé, tout en garantissant l’alignement sur les objectifs de l’Agenda de Lusaka.
Les discussions ont également fait ressortir l’importance de la mobilisation des ressources nationales. Des pays comme le Mozambique et le Nigéria ont fait valoir la nécessité de renforcer les mécanismes de financement nationaux afin de réduire la dépendance à l’égard du financement extérieur, un élément essentiel de l’Agenda de Lusaka.
Le Sénégal et le Sud-Soudan ont souligné l’importance des cinq changements clés décrits dans l’Agenda de Lusaka, en particulier la nécessité d’une voix africaine unifiée dans les discussions sur la santé mondiale. Ces changements comprennent l’amélioration des soins de santé primaires par le renforcement des systèmes de santé, l’amélioration de l’équité des résultats en matière de santé et une plus grande cohérence stratégique dans la gouvernance de la santé.
Le rôle des partenaires
Les organisations de la société civile (OSC) ont également fait entendre leur voix, soulignant la nécessité d’une action concrète dans le cadre de l’Agenda de Lusaka. Elles ont appelé à une plus grande inclusion dans le processus de prise de décision, en veillant à ce que l’agenda reflète les besoins et les droits des communautés qu’il entend servir. En outre, les initiatives mondiales pour la santé (IMS) ont exprimé leur volonté d’aligner leurs efforts sur l’agenda de Lusaka, marquant ainsi leur engagement à soutenir les priorités de l’Afrique en matière de santé.
Avec CDC Afrique qui a été mandaté pour diriger la mise en œuvre de l’Agenda de Lusaka, le cadre doit être plus qu’un simple document d’orientation. CDC Afrique, sous la direction des États membres et en collaboration avec des partenaires tels que l’OMS/AFRO, le Bureau de la circonscription africaine (BCA) et la Commission de l’Union africaine (CUA), veillera à la concrétisation des objectifs de l’agenda sur l’ensemble du continent.
Une voix africaine unifiée dans le domaine de la santé mondiale
L’événement parallèle organisé lors de la 74ème réunion du Comité régional de l’OMS/AFRO est allé au-delà d’une simple discussion: il a permis de réaffirmer l’engagement de l’Afrique à prendre en main son destin en matière de santé. L’Agenda de Lusaka, qui met l’accent sur les soins de santé primaires, le financement durable, l’équité, la cohérence stratégique et opérationnelle et les approches coordonnées en ce qui concerne les produits, la recherche et le développement, représente la voix collective de l’Afrique dans l’arène de la santé mondiale.
Alors que le continent continue de faire face à des défis complexes en matière de santé, l’agenda sert de modèle pour des solutions africaines innovantes et ancrées dans le contexte unique du continent. Les conclusions de cette réunion ne se contentent pas de réaffirmer l’attachement de l’Afrique à l’Agenda de Lusaka, elles ouvrent également la voie à une action accélérée, assurant au continent un avenir sanitaire façonné par des solutions dirigées par les africains. Par un engagement et une collaboration sans faille, l’Agenda de Lusaka servira de balise à la transformation des résultats sanitaires sur l’ensemble du continent.