Les changements climatiques extrêmes et les modifications non naturelles de la composition physiologique de la Terre nous enseignent que le monde se dégrade rapidement et les humains sont en grande partie responsables de sa destruction. Notre industrialisation et notre mode de consommation obsessionnels impliquent que nous ne sommes plus dans un espace sûr, et la Terre non plus.
Le changement climatique a entraîné des pics de température qui contribuent à des sécheresses et à des vagues de chaleur extrêmes dans certaines parties du monde, tandis que dans d’autres, c’est le contraire qui se produit, avec des précipitations incontrôlées qui provoquent des tempêtes et des inondations effroyables.
Les conditions météorologiques hors normes et extrêmes ont un impact sur l’équilibre sensible de l’environnement et le perturbent, entraînant ainsi une modification de la composition génétique des parasites, des virus et des bactéries, avec des mutations plus résistantes et pathogènes qui échappent à tout traitement ou contrôle. Le taux de reproduction de ces organismes infectieux est également accéléré par des conditions météorologiques extrêmes telles que la chaleur, le froid, l’humidité, etc. Tous ces éléments montrent que le changement climatique joue un rôle important dans l’exacerbation des maladies.
En 2008, David Biello a écrit un article pour Scientific American intitulé ‘Deadly by the Dozen: 12 Diseases Climate Change May Worsen.’. Il y citait la grippe aviaire, la tuberculose, le choléra, le virus Ebola et la peste comme autant de maladies susceptibles de s’aggraver avec le changement climatique.
Plus d’une décennie plus tard, la COVID-19, une maladie hautement infectieuse dont l’infection respiratoire entraîne une altération de la capacité de fonctionnement des poumons et qui présente des caractéristiques similaires à celles de la grippe aviaire est apparue et, au mois de novembre 2021,avait déjà fait plus de cinq millions de victimes dans le monde.
Au départ, le premier variant de la COVID 19 se propageait plus rapidement dans les régions à climat froid. En moins de deux ans, quatre différentes variantes de la maladie sont apparues.
Les régions à climat chaud comme l’Afrique subsaharienne, où le coronavirus était initialement inexistant, sont désormais durement touchées. Cette pandémie fait écho aux craintes exprimées à l’origine quant à la mutation et à l’aggravation des maladies au fur et à mesure de la dégradation du climat mondial.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) décrit le paludisme comme une maladie fébrile aiguë causée par des parasites de type plasmodium, qui se transmettent aux personnes par les piqûres de moustiques anophèles femelles infectés. Dans le monde, le paludisme a tué 409 000 personnes en 2019, les enfants de moins de cinq ans en étant les principales victimes.
Le rapport de l’OMS note en outre qu'”en 2019, la région africaine a enregistré 94 % des cas et des décès dus au paludisme…. Et ” Six pays représentaient environ la moitié de tous les décès dus au paludisme dans le monde : le Nigéria (23 %), la République démocratique du Congo (11 %), la République-Unie de Tanzanie (5 %), le Burkina Faso (4 %), le Mozambique (4 %) et le Niger (4 %).” Qui plus est, il ne s’agissait là que des cas enregistrés.
L’OMS estime qu’entre 2030 et 2050, le changement climatique pourrait causer 60 000 décès dus au paludisme, même si la croissance économique et l’amélioration de la santé sont prises en compte. En outre, l’organisation estime que 21 millions de cas de paludisme seront attribuables au changement climatique en 2030.
Le lien entre le paludisme et le changement climatique est illustré dans l’article de la Chronique des Nations Unies (ONU) intitulé, ‘Climate Change and Malaria- A Complex Relationship.’ L’auteur, S. D. Fernando, déclare, « Le changement climatique augmentera les possibilités de transmission du paludisme dans les zones traditionnellement endémiques, dans les régions où la maladie a été contrôlée, ainsi que dans de nouvelles zones traditionnellement exemptes de paludisme. Une augmentation de la température, des précipitations et de l’humidité peuvent causer une prolifération des moustiques porteurs du paludisme à des altitudes plus élevées, entraînant de ce fait une augmentation de la transmission du paludisme dans des zones non endémiques auparavant.
À des altitudes plus basses, où le paludisme est déjà un problème, des températures plus chaudes modifieront le cycle de croissance du parasite dans le moustique, lui permettant de se développer plus rapidement, ce qui aura pour effet d’augmenter les taux de transmission et donc d’aggraver davantage la charge de morbidité.”
En Afrique, seules l’Algérie, le Lesotho, l’île Maurice et les Seychelles sont exemptes de paludisme. Pour un continent qui compte 54 pays, ce n’est tout simplement pas satisfaisant. Certains pays, comme le Cap-Vert, sont en passe d’être certifiés par l’OMS comme étant exempts de paludisme.
Les pays africains devraient apprendre du Cap-Vert et lui emprunter des idées sur la manière de mieux gérer la maladie et sur les facteurs clés de succès pour lutter contre le paludisme et le vaincre. Naturellement, le vaccin RTS apporte beaucoup d’espoir mais doit constituer le dernier rempart. En tant que maladie évitable et guérissable, le paludisme ne devrait pas causer la mort ou la dévastation de familles entières. Son éradication est possible et une percée significative dans la lutte contre cette maladie est nécessaire.
Du 31 octobre au 12 novembre 2021, les Nations unies ont organisé la 26e conférence des parties sur le changement climatique (COP26) à Glasgow. Au cours de cette conférence, qui se tient chaque année depuis trois décennies, le changement climatique et le réchauffement de la planète sont passés de besoins secondaires à priorités absolues dans les agendas nationaux. L’objectif primordial est que tous les pays du monde œuvrent ensemble pour limiter le réchauffement de la planète à un maximum de 1,5 degré.
L’importance de la COP26 tenait au fait qu’elle marquait une période de six ans depuis l’engagement mondial de lutter contre le changement climatique pris en 2015 lors de la conférence de Paris.
Le Pacte de Glasgow pour le climat a constitué le résultat final de la conférence de cette année. Les pays ont réaffirmé leur volonté non seulement de veiller à ce que les émissions anthropiques ne dépassent pas 1,5 degré, mais également de mener des recherches et de fournir des orientations scientifiques pour faire de ces objectifs mondiaux une réalité. En outre, ils ont renouvelé leur engagement à protéger les communautés et les habitats naturels. La réalisation de ces objectifs nécessitera la mobilisation de 100 milliards de dollars par an de la part des pays développés[1] pour la lutte contre le changement climatique.
La bonne nouvelle, c’est que la dynamique nécessaire à l’obtention de changements significatifs est déjà une réalité au sein d’organisations internationales clés. Depuis 2002, par exemple, le Fonds mondial a fourni 56 % de tous les financements internationaux consacrés au paludisme. Au mois de juin 2021[2], le Fonds avait investi plus de 14,7 milliards de dollars US dans des programmes de lutte contre le paludisme.
Ce haut niveau d’engagement a permis de réduire considérablement le taux de transmission de la maladie et de faire baisser le taux de mortalité à 45 %. Ces efforts démontrent qu’un changement significatif à grande échelle est possible.
Toutefois, il est nécessaire d’avoir davantage de partenaires, d’engagement, d’éducation et de financement si l’on veut éradiquer complètement le paludisme et d’autres maladies évitables. La COP26 constitue donc une nouvelle lueur d’espoir pour un avenir sans paludisme et respectueux de l’environnement.
Par Alice Simushi
Sources: