Le changement climatique représente une menace très sérieuse pour la réalisation de la mission du Fonds mondial et pour les pays, les communautés et les personnes vulnérables qui sont au cœur de sa stratégie. 71 % des ressources du Fonds mondial sont consacrées aux 50 pays les plus vulnérables au climat et 87 % de la charge de morbidité mondiale liée au paludisme et des ressources allouées par le Fonds mondial au paludisme le sont dans ces pays vulnérables au climat. Nous reconnaissons que le changement climatique pourrait compromettre les progrès accomplis jusqu’à présent, car il menace directement les avancées en matière de santé publique et affecte de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables. Non seulement le changement climatique représente la plus grande menace pour notre mission d’éradication du paludisme et de mise en place de systèmes de santé résilients et pérennes, mais il compliquera également de manière considérable la lutte contre le VIH et la tuberculose ainsi que les efforts visant à soutenir le financement des objectifs de développement durable (ODD) 3.
Selon les prévisions, l’urgence climatique entraînera un réchauffement important d’ici les années 2030, mettant en danger plus de 3,3 milliards de personnes très vulnérables, principalement en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les ménages à faible revenu. Des températures plus élevées et des conditions météorologiques changeantes augmentent le risque de transmission du paludisme et compromettent les efforts déployés pour l’éradiquer.
Les projections indiquent que d’ici 2030, certains pays d’Afrique de l’Est et australe deviendront de nouveaux pays d’endémie palustre, car les régions non endémiques, telles que les hauts plateaux, connaissent actuellement une augmentation de l’incidence du paludisme, les enfants de moins de cinq ans étant les plus durement touchés. Le déficit de financement est encore plus préoccupant, ainsi que la résistance aux médicaments et l’émergence de nouveaux vecteurs de paludisme capables de s’adapter aux environnements urbains. Le changement climatique perturbe également les services de diagnostic, de traitement et de prévention de la tuberculose et du VIH/Sida. En outre, il exacerbe les inégalités en matière de santé et augmente le risque de développement de maladies infectieuses émergentes.
Les migrations dues au changement climatique pourraient toucher des millions de personnes dans ces régions. Les catastrophes climatiques affectent de manière disproportionnée les pays en développement où la charge de morbidité est élevée, les systèmes de santé faibles et les
contextes fragiles. En 2022, l’Afrique et l’Asie comptaient plus de 90 % des personnes touchées par les catastrophes climatiques dans le monde, avec des sécheresses et des inondations qui ont provoqué d’importants déplacements de population. La même année, 88,9 millions de personnes en Afrique ont été touchées par des sécheresses, notamment en RDC, en Éthiopie, au Nigéria, au Soudan, au Niger et au Burkina Faso, et des cyclones qui ont frappé le Mozambique, Madagascar, le Malawi et certaines régions du Zimbabwe il y a quelques mois sont trop sévères pour être ignorés. Ces migrations induites par le climat peuvent perturber l’accès aux services de santé essentiels.
Les pays à revenu élevé et les pays en développement doivent faire face aux graves conséquences économiques du changement climatique. Rien qu’aux États-Unis, la perte de revenus devrait atteindre 2 000 milliards de dollars par an d’ici 2100. Dans le même temps, les dépenses mondiales consacrées aux mesures d’adaptation au climat, y compris dans le domaine de la santé, restent insuffisantes, tandis que la vulnérabilité au climat accroît le coût de la dette dans les pays en développement.
Réduire l’empreinte carbone
Le Fonds mondial (FM) s’est engagé à faire face à l’impact du changement climatique sur la santé, à soutenir les systèmes de santé à faible émission de carbone et résilients au changement climatique, et à investir dans les pays vulnérables au changement climatique. Il offre une flexibilité, des outils et le soutien aux interventions d’urgence pour relever les défis liés au climat. Le Fonds mondial a pour objectif d’intégrer les considérations relatives au changement climatique dans ses opérations et ses chaînes d’approvisionnement.
Les circonscriptions africaines apprécient et reconnaissent pleinement les efforts du Fonds mondial dans le domaine du changement climatique par le biais d’agences telles que la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, ainsi que ses actions visant à réduire l’empreinte carbone grâce à l’achat récent de 4 millions d’emballages sans carton d’ARV en Zambie (2018) et de certains médicaments contre le paludisme et médicaments essentiels achetés en Afrique (2021) afin de promouvoir la fabrication locale.
Nous aimerions encourager le Fonds mondial à augmenter le volume des achats de produits de base en Afrique. La fabrication locale est une priorité pour l’Afrique, et un partenariat avec le continent africain pourrait aider à rapprocher les produits des consommateurs et contribuerait également à réduire l’empreinte carbone associée au transport maritime à travers le monde. Le renforcement des chaînes d’approvisionnement et de la production locale permettra d’atténuer l’empreinte carbone et, à terme, de réduire les niveaux actuels en accord avec les efforts de la conférence des Nations unies sur le changement climatique.
Prochaines étapes
Dans l’ensemble, le Fonds mondial reconnaît qu’il est urgent de s’attaquer aux interactions entre le changement climatique et la santé, et prend plusieurs mesures visant à en atténuer l’impact et à soutenir les systèmes de santé résilients aux effets du changement climatique. Nous comprenons que la lutte contre le changement climatique ne relève pas de la responsabilité du Fonds mondial, mais nous reconnaissons également que le réchauffement de la planète et ses effets dévastateurs sont une réalité qu’il faut prendre en considération. Nous devons être
proactifs pour mieux atténuer les effets du changement climatique, tout en gardant à l’esprit les spécificités de chaque pays. Par exemple, dans le passé, les hauts plateaux éthiopiens, qui comprennent Addis-Abeba, situé à une altitude de plus de 2 000 mètres, et le mont Ras Dashen, à plus de 4 000 mètres au-dessus du niveau de la mer, étaient considérés comme trop froids pour permettre le développement de vecteurs et de parasites porteurs de maladies.Toutefois, au fur et à mesure de la montée des températures, les hauts plateaux pourraient devenir plus propices à la transmission de maladies telles que le paludisme. En effet, la hausse des températures pourrait finir par atteindre le seuil favorable à la transmission du paludisme. C’est la raison pour laquelle nous demandons instamment au Fonds mondial d’investir dans la recherche et le développement afin de mieux planifier et d’atténuer les effets du changement climatique. Nous soutenons les systèmes pilotés par les communautés aussi bien dans la lutte contre le changement climatique que dans l’atténuation de son impact sur la santé, car les acteurs communautaires possèdent des connaissances traditionnelles qui peuvent être exploitées pour mieux lutter contre le paludisme.