Le Malawi a été sélectionné pour server de champion dans le cadre du processus de préparation de la 7ème reconstitution des ressources du Fonds mondial parmi d’autres pays africains en raison de son succès dans la mise en œuvre des subventions du Fonds mondial au cours des 20 dernières années. Ces subventions d’un montant de plus de 1,2 milliard de dollars US ont permis de sauver de nombreuses vies. Le fait que le président du Malawi, le Dr Lazalus Chakwera, se soit fait le champion de ce processus avec le soutien du Cabinet du président, des ministres de la Santé, des Finances et des Affaires étrangères, ainsi que d’autres parties prenantes, notamment la société civile, la jeunesse, le secteur privé, le Parlement, les médias et l’ICN, est tout à fait encourageant. Il est intéressant de noter que le président du Malawi, le Dr Lazalus Chakwera, a participé à la 7ème conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial, en marge de la 77ème Assemblée générale des Nations Unies (2022) présidée par le président des États-Unis d’Amérique, Joe Biden, et s’est engagé à verser 1 million de dollars au Fonds mondial. Mais surtout, le Malawi continue à inciter d’autres pays à faire des promesses de dons, et ceci dans différents forums, tels que le Forum économique mondial, l’Assemblée mondiale de la santé, l’Union africaine, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et d’autres, car le Fonds mondial a besoin de 18 milliards de dollars US pour la 7ème reconstitution des ressources dont le montant s’élève actuellement à 14,25 milliards de dollars US.
Depuis le début des investissements du Fonds mondial au Malawi en 2003, dix subventions d’un montant de plus de 2 milliards de dollars US ont été signées et des fonds ont été décaissés pour des interventions dans les domaines de la tuberculose, du VIH/Sida, du paludisme et du renforcement des systèmes de santé. Les investissements du Fonds mondial au Malawi à ce jour ont contribué à l’obtention de résultats appréciables pour les trois maladies, dont la prévention et le traitement de la COVID-19 récemment.
En ce qui concerne le VIH et le SIDA, plus de 870 000 personnes vivant avec le VIH sont sous traitement antirétroviral (TAR). La prise en charge du VIH nécessite également d’autres médicaments, notamment pour les infections sexuellement transmissibles (IST) et les infections opportunistes, qui ont été mis à disposition par le Fonds mondial. Le Malawi a pu atteindre les objectifs 90:90:90 de l’ONUSIDA après avoir testé 96% des personnes suspectées d’être séropositives, maintenu 92% des personnes testées séropositives sous TAR et atteint 94% de suppression virale pour les personnes sous TAR. Les ressources ont également été investies dans l’achat de réactifs de laboratoire et d’autres fournitures médicales, d’équipements médicaux et non médicaux, dans le soutien aux infrastructures telles que la construction de laboratoires, l’éclairage solaire des établissements de santé, les installations de stockage des médicaments, le renforcement des capacités des institutions de formation et les sessions de formation, le recrutement d’agents de santé et, récemment, le soutien aux tests et aux équipements de prise en charge de la COVID-19.
Une grande partie des ressources du Fonds mondial a également été investie dans la prévention du VIH dans les segments de notre population qui sont à haut risque, comme les adolescentes et les jeunes femmes et leurs partenaires sexuels, et les populations clés (PC). Ces investissements permettent de renforcer la coordination multisectorielle, les mécanismes d’orientation et de liens vers des services différenciés de communication pour le changement social et comportemental, de lutte contre le VIH et le sida et de droits en matière de santé sexuelle et reproductive, en capitalisant les investissements du PEPFAR et d’autres parties prenantes dans ces domaines.
En ce qui concerne l’épidémie de tuberculose, grâce au soutien généreux du Fonds mondial et à l’engagement et la participation solides de la communauté et de la société civile, le Malawi a notifié et traité plus de 100 000 cas de tuberculose, dont 610 cas de tuberculose multirésistante, et 9 100 cas chez les enfants entre 2015 et 2020. Le pays a atteint le plus haut taux de réussite de traitement qui est de 88% pour les patients atteints de tuberculose pharmacosensible et de 73% pour la tuberculose multirésistante en 2020, ce qui représente un résultat considérable par rapport aux réalisations de 2015.
Le rôle de l’engagement actif de la communauté et de la société civile dans les soins et la prévention de la tuberculose a été vital pour l’amélioration des taux de réussite du traitement. La mortalité et la morbidité liées à la tuberculose ont été réduites respectivement de 46 % et de 26 % en 2020 par rapport à la base de référence de 2015, dépassant ainsi les objectifs de l’initiative mondiale “End TB” à l’horizon 2020.
L’accès aux services de diagnostic et de traitement de la tuberculose a connu une expansion ultra rapide dans le pays au cours des cinq dernières années grâce au soutien du Fonds mondial et d’autres partenaires. Par exemple, depuis 2015, le nombre de sites d’enregistrement des cas de tuberculose a augmenté de 38 % (de 302 à 417), le nombre de sites de microscopie de 57 % (de 249 à 392) et le nombre de tests de diagnostic moléculaire de la tuberculose de 70 % (de 42 à 108). Nous avons également obtenu de bons résultats en ce qui concerne les indicateurs de collaboration entre la tuberculose et le VIH, tels que la réduction du taux de co-infection de 20 % (de 64 % en 2015 à 44 % en 2020). Nous avons également atteint et maintenu un taux de dépistage du VIH de plus de 99 % chez les patients atteints de tuberculose et la mise sous traitement antirétroviral des patients séropositifs atteints de tuberculose.
Le programme de lutte contre le paludisme a également enregistré des progrès positifs: la mortalité due au paludisme est passée de 23/100 000 habitants en 2017 à 13/100 000 habitants en 2021; les ruptures de stock de médicaments antipaludiques ont été réduites de 7 % en 2017 à 0,3 % en 2021. La pulvérisation intra domiciliaire (PIR) s’est améliorée, passant de 0 district en 2017 à 3 districts en 2021. Le Fonds mondial a soutenu l’achat de 10,9 millions de moustiquaires en 2018 et de 9,2 millions de moustiquaires en 2021 dans le cadre des campagnes de distribution de masse. La qualité des données s’est considérablement améliorée grâce à la production de rapports en temps utile, qui est passée de 0 % en 2015 à 87 % en 2021, à la précision des données, qui est passée de 7 % en 2017 à 90 % en 2021, et à la complétude des données, qui est passée de 55 % en 2015 à 97 % en 2021.
Outre l’injection directe de ressources du Fonds mondial au Malawi, le pays a également bénéficié de manière significative de projets régionaux du Fonds mondial par le biais de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) entre 2012 et 2017; plus précisément, dans le cadre de l’initiative transfrontalière de lutte contre le VIH et le sida dont l’objectif était de réduire les infections à VIH dans la région de la SADC et d’atténuer l’impact du VIH et du sida sur les populations mobiles et les communautés affectées dans les États membres de la SADC. L’initiative était axée sur les camionneurs qui parcourent de longues distances et les travailleurs du sexe, ainsi que sur les communautés qui vivent à proximité des sites transfrontaliers. Grâce à ce projet, la région SADC a mis en place des cliniques du mieux-être dans 32 sites transfrontaliers. Dans le cadre de cette initiative, le Malawi a créé trois centres de mieux-être à la frontière Mwami-Mchinji entre le Malawi et la Zambie, à la frontière Songwe (à Karonga) entre le Malawi et la Tanzanie, au point de passage de Mwanza (à Mwanza) qui partage une frontière avec le Mozambique.
Le projet a contribué à accroître la sensibilisation, l’accès et l’utilisation des services de prévention du VIH, des services de dépistage du VIH, de l’orientation vers les soins et les traitements, du dépistage et de la prise en charge des infections sexuellement transmissibles et des services ambulatoires pour la population migrante. Après la fin du projet de la SADC, les responsables des services de santé respectifs ont repris les centres comme leurs postes de santé. Tous les centres de mieux-être du Malawi sont toujours opérationnels et certains ont intégré des services de dépistage de la COVID-19 pour la population migrante ( cas du centre de mieux-être de Mwanza).
Maziko Hibson Matemba
CCM Malawi