Un des objectifs attendus de la dernière RAC était le partage de meilleures pratiques et de leçons apprises. En effet, la circonscription africaine, forte de ses 4 réseaux d’apprentissage peut être le carrefour du donner et recevoir.
A cet effet, trois présentations ont été faites et ont permis aux uns et autres de découvrir et d’apprendre ce qui se fait dans les autres pays en termes d’élimination du paludisme en Gambie, la prise en charge des tuberculeux au Kenya et l’évolution de l’ICN au Malawi.
Selon un article de Reuters paru en 2017, La Gambie serait en passe d’être le 1er pays en Afrique subsaharienne à éradiquer le paludisme. Très souvent cité en exemple, le pays a réduit de plus de la moitié le nombre de cas de paludisme passant de 250 000 en 2015 à 75 000 en 2017 avec une réduction de 84 % des cas de paludisme chez les patients hospitalisés (2013-2017). Cela est dû à une politique très ambitieuse de prévention, de contrôle et de suivi des cas de paludisme sur toute l’étendue du territoire. En effet, en alignement avec la politique de santé nationale, la politique de lutte contre le paludisme vise à « Assurer l’accès universel et équitable des populations à risque aux interventions de prévention et de traitement du paludisme, conformément à la politique nationale de santé. » Plus concrètement, les raisons de ce succès s’expliquent par une gestion des cas de paludisme, la prévention et le contrôle des cas de paludisme durant la grossesse, la pulvérisation périodique d’insecticide et par d’importantes campagnes de plaidoyer et de mobilisation sociale pour ne citer que cela. Il faut cependant noter que ses résultats sont également dus à des interventions transfrontalières et des partenariats stratégiques.
Le Malawi quant à lui, fait partie des pays en transition dans le cadre de l’Évolution des ICN. Cette étape de la vie des ICNs permettra aux pays concernés mais surtout au Malawi dont il est question ici de se donner l’opportunité d’être des partenaires clés dans la stratégie du Fonds mondial et de se préparer à la transition en cas d’un éventuel retrait du Fonds mondial. La stratégie d’Évolution des ICN repose sur quatre piliers : la surveillance, les interconnexions possibles avec les autres secteurs de la santé, l’implication, et le fonctionnement des ICNs en lui-même. Tout ceci vise au renforcement des capacités des Instances de Coordination Nationale pour les mettre au cœur des interventions dans les systèmes de santé. Les ICN constituent des plateformes de choix dans lesquelles toutes les parties prenantes se retrouvent pour la gestion du SIDA, TB et Paludisme. Cette phase qui est supposée durer 18 mois avec un calendrier prédéfini permettra la formation du secrétariat de l’ICN malawite sur les fonctions de soutien et les processus et outils pertinents pour la préparation à la transition de l’ICN. Il est également prévu la mise à jour de la composition des membres de l’ICN du Malawi afin d’inclure de nouveaux intervenants qui peuvent appuyer la durabilité de la réponse nationale.
L’instance de coordination nationale du Kenya nous a fait part de l’évaluation de la charge économique supportée par les patients tuberculeux et leur famille au Kenya. Cette évaluation a permis d’identifier les inducteurs de coût relatifs à la recherche des cas de TB non diagnostiqués et à leur traitement et informer de l’existence de la Couverture Santé Universelle et d’une politique de protection sociale afin d’atténuer et de réduire les obstacles financiers à l’accès et à la prise du traitement de la tuberculose. Des leçons apprises, l’ICN du Kenya annonce qu’il est important d’avoir et de mettre en place une approche centrée sur le patient pour investir dans le contrôle et la prise en charge de la tuberculose ainsi que des données fiables pour une prise de décision et une programmation efficaces. De cette évaluation, il ressort que les ménages touchés par la tuberculose ont subi de graves conséquences socio-économiques ; en effet, entre 27,1 % et 53,7 % des ménages touchés par la tuberculose ont connu une insécurité alimentaire due à la tuberculose et la proportion de patients vivant en-dessous du seuil de pauvreté est passée de 13,9% à 31,1% à cela, il faut aussi ajouter l’exclusion sociale dont souffrent les personnes atteintes de TB.
Ces trois expériences passionnantes ont retenu l’attention de l’assistance et leurs présentateurs se sont prêtés au jeu des Q&R pendant près de 30 minutes.