M. Michel Sidibé, l’envoyé spécial africain pour l’Agence africaine du médicament (AMA), a pris part à une rencontre virtuelle avec une partie des représentants africains au sein du Conseil d’administration et des comités du Fonds mondial et du Bureau de le Circonscription Africaine ( BCA) le 3 mars 2022. Le professeur Pascal Niamba, membre du Conseil d’administration pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le Dr Mele Djalo, membre du Comité stratégique pour l’AOC, et le général de division Dr Gerald Gwinji, membre du Conseil d’administration du BCA, ont participé à la rencontre aux côtés de sept membres du personnel du BCA. La réunion avait pour but de partager des points de vue sur les éventuels liens qui pourraient être établis entre l’AMA, le BCA et le Fonds mondial. Cette discussion s’est déroulée au moment où le Fonds mondial mène des discussions sur sa nouvelle stratégie de façonnage du marché et sur la mise en œuvre de sa stratégie 2023-2028. Il est important de relever que le Fonds mondial a investi environ 70 % de ses 14 milliards de dollars en Afrique. Environ 70% des investissements en Afrique sont utilisés pour l’achat de produits de santé, principalement par le biais du mécanisme d’achat groupé du Fonds mondial et de wambo.org. Le Fonds mondial est une partie prenante essentielle du secteur de la santé en Afrique. Le BCA soutient les représentants africains dans leur engagement vis-à-vis de la gouvernance du Fonds mondial, qui est composée du Conseil d’administration et des comités.
L’AMA harmonisera la réglementation sur les médicaments et autres produits de santé au niveau continental. Le marché des médicaments en Afrique est immense mais mal desservi par les fabricants africains. Le continent consomme 14 milliards en produits de santé par an, selon McKinsey. Or, l’Afrique fabrique à peine 2 % de ses vaccins et 5 % de ses médicaments. Autant dire que le potentiel de croissance reste énorme dans la mesure où la majeure partie des produits sont importés.
Le niveau de dépendance vis-à-vis des produits fabriqués à l’extérieur est problématique, car l’accès aux vaccins contre la COVID-19 a rappelé de manière douloureuse aux africains et au monde entier la nécessité d’être indépendant. Outre les médicaments et autres produits thérapeutiques, les pays africains dépendent des organismes de réglementation en Europe ou en Amérique pour ce qui est de l’assurance qualité. Par exemple, pour les vaccins contre la COVID-19, les nations africaines s’appuient actuellement sur les autorisations d’utilisation d’urgence délivrées par la Food and Drug Administration aux États-Unis ou par les organismes européens. Lorsqu’ils ne s’appuient pas sur ces agences internationales, les fabricants doivent faire face à des dizaines de goulots d’étranglement liés à la réglementation nationale de chaque pays. Ces régulateurs ont des capacités différentes. Un tel enchevêtrement d’organismes de réglementation ne contribue pas à faciliter l’introduction de nouvelles usines/molécules.
Traité sur l’Agence africaine du médicament (AMA)
M. Sidibé a expliqué que l’Assemblée de l’Union africaine a adopté en 2019 un traité visant à créer l’AMA afin de renforcer la surveillance réglementaire sur le continent, mais celle-ci a rencontré des difficultés liées à l’accès à des médicaments de qualité, sûrs et efficaces sur le continent. Le traité devait ensuite être ratifié par au moins 15 pays et déposé à l’Union africaine pour pouvoir entrer en vigueur. Un délai de deux ans a été accordé pour accomplir cette tâche, car le processus est long : la proposition doit d’abord être adoptée par le cabinet, puis approuvée par le parlement national (et le Sénat lorsqu’il existe), parfois examinée par la cour constitutionnelle, avant d’être déposée au siège de l’Union africaine. 15 pays ont pu achever l’ensemble du processus en cinq mois. M. Sidibé a noté avec regret que de grands pays ayant des capacités de production en Afrique, tels que l’Éthiopie, le Nigéria ou l’Afrique du Sud, n’ont pas encore ratifié le traité. Néanmoins, le traité est entré en vigueur. La prochaine étape consistera pour les pays africains à déterminer d’un commun accord le pays qui accueillera le siège de l’AMA et à mettre en place les organes et les règles de fonctionnement.
Marche à suivre
Les représentants des circonscriptions africaines ont pris note du long chemin à parcourir pour parvenir à l’indépendance en ce qui concerne la production de médicaments et d’autres produits de santé. En attendant, ils plaideront en faveur d’achats auprès de fabricants locaux à chaque fois que cela sera possible. Dans le contexte actuel marqué par la perturbation de la chaîne d’approvisionnement mondiale liée à la COVID-19, de nombreux pays africains se sont finalement approvisionnés en équipements de protection individuelle auprès de fabricants locaux. C’est la bonne manière de procéder.