Un nouveau régime thérapeutique peut considérablement réduire la durée du traitement qui varie actuellement entre quatre et six mois, selon la gravité de la maladie à environ deux mois. Ceci est une bonne nouvelle pour la communauté TB
Actuellement d’une durée allant de 4 à 6 mois, le traitement contre la tuberculose pourra prochainement être ramené à deux mois. C’est l’espoir que suscite un essai clinique dont les résultats ont été présentés le 20 février 2023 à Seattle (Etats-Unis) à l’occasion de la 30e conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI[1]).
Baptisé SimpliciTB et mis en œuvre par l’Alliance mondiale contre la tuberculose, cet essai clinique a consisté en l’évaluation d’une combinaison thérapeutique appelée BPaMZ, constituée de quatre médicaments distincts. A savoir la bédaquiline (B), la prétomanide (Pa), la moxifloxacine (M) et la pyrazinamide (Z).
L’essai clinique en question a été réalisé sur 455 patients souffrant de tuberculose sensible ou de tuberculose résistante aux médicaments. Ces patients étaient répartis dans 26 localités de huit pays : Afrique du Sud, Brésil, Géorgie, Malaisie, Ouganda, Philippines, Russie et Tanzanie.
Mais, dans un communiqué de presse publié sur le site web de l’université St-Andrews sur ces travaux, elle indique le bien-fondé de ces essais cliniques en affirmant que « les progrès récents dans le traitement de la tuberculose ont été limités, avec peu de nouvelles classes de médicaments émergeant au cours des 50 dernières années ».
En conséquence, dit-elle « des essais cliniques innovants comme SimpliciTB nous aident à mieux comprendre comment les nouveaux schémas thérapeutiques agissent à la fois contre les formes de tuberculose sensibles et résistantes aux médicaments, ouvrant la voie à de meilleures options de traitement pour tous les patients atteints de la tuberculose ».
Critère d’évaluation
Selon le communiqué de presse publié le 20 février 2023, les résultats de l’essai clinique ont montré que le régime BPaMZ était très puissant contre la bactérie de la tuberculose, remplissant le critère d’évaluation principal avec les patients atteints de tuberculose sensible aux médicaments.
Cependant, ce régime n’a pas pu atteindre le critère d’évaluation secondaire consistant en la non-infériorité en pourcentage de résultats favorables par rapport au régime actuel de six mois de traitement (HRZE) utilisé contre la tuberculose sensible aux médicaments.
Une situation qui, d’après le communiqué de presse de l’université St-Andrews, était due à des problèmes d’observance du traitement, avec environ 10% des patients soumis au régime BPaMZ qui avaient dû interrompre leur traitement en raison d’effets secondaires.
Au cours de ces dernières années, d’importants progrès ont été enregistrés, avec notamment la réduction de la durée du traitement de la tuberculose résistante aux médicaments de plus de 18 mois à 6 mois et la diminution du traitement de la tuberculose sensible aux médicaments de 6 à 4 mois. Mais, pour les experts, ces traitements demeurent longs…
Aussi les organisations de lutte contre la tuberculose à l’instar de « TB Alliance », accueillent-elles favorablement cette perspective d’une nouvelle réduction de la durée du traitement. Maria Beumont, vice-présidente et directrice médicale dans cette organisation, énumère quelques-unes des raisons pour lesquelles un traitement plus court s’impose.
« Des régimes plus robustes qui permettent des durées de traitement plus courtes augmentent la vitesse à laquelle les patients deviennent non infectieux, ce qui diminue la propagation de la maladie. De plus, un traitement plus court améliore la qualité de vie des personnes atteintes de tuberculose et facilite l’observance », affirme cette dernière.
Coût
Suvanand Sahu, directeur exécutif adjoint de « Stop TB Partnership », une autre organisation de lutte contre la tuberculose, abonde dans le même sens. « Dans la tuberculose, dit-il, le traitement est actuellement de 4 à 6 mois. Cela nécessite de longues périodes d’accompagnement des personnes sous traitement et de longues périodes d’engagement du système de santé dans le traitement. Plus la durée du traitement est longue, plus le risque d’interruption du traitement avec ses conséquences est élevé ».
Pour Maria Beumont, l’autre raison est le coût même du traitement : « Le coût de la guérison de la tuberculose résistante aux médicaments est considérable, ce qui pose un défi important aux gouvernements, aux systèmes de santé et à ceux qui sont touchés par la maladie », affirme-t-elle.
Cité dans le communiqué, Derek Sloan de la Faculté de médecine de l’université St-Andrews, affirme que « l’essai clinique SimpliciTB suggère que de nouvelles combinaisons d’antibiotiques peuvent tuer tous les types de bactéries tuberculeuses plus rapidement que les approches traditionnelles. »
« Cependant, ajoute—t-il, alors que nous découvrons de nouvelles options pour améliorer le traitement de la tuberculose, nous devons encore déterminer quelles thérapies sont les plus adaptées à chaque patient. »
Dès lors, les travaux futurs prévoient une enquête plus détaillée sur les antibiotiques antituberculeux qui fonctionnent le mieux ensemble, sans oublier la question de la sécurité des patients et la mise en œuvre de nouvelles stratégies de traitement dans les divers contextes où la tuberculose est une menace majeure pour la santé.
Seulement, regrettent les experts, une insuffisance de financements provoque une certaine lenteur dans le développement de nouveaux médicaments ou vaccins plus efficaces contre la tuberculose.
Augmentation du financement
Les fonds actuellement disponibles pour les soins et la prévention de la tuberculose représentent un quart seulement de ce qui est nécessaire, tandis que les fonds disponibles pour la recherche et le développement représentent un cinquième de ce qui est nécessaire, à en croire Suvanand Sahu de Stop TB
« Nous croyons fermement qu’une réduction supplémentaire de la durée du traitement de la tuberculose est possible, et nous devons veiller à ce que les efforts de recherche dans cette direction soient financés et accélérés », martèle le cadre de « Stop TB Partnership », une organisation hébergée par les Nations unies.
Abondant dans le même sens, Maria Beumont se veut plus concrète et avance même des chiffres, affirmant « qu’une augmentation du financement de la recherche sur la tuberculose à 5 milliards de dollars par an aiderait à obtenir des résultats concrets vers notre objectif de mettre fin à la tuberculose. »
Cet appel à financement vaut en particulier pour les pays d’Afrique subsaharienne où les ressources nationales de lutte contre la tuberculose sont qualifiées de « très faibles » par les experts. « Ce qui rend les pays dépendants des subventions du Fonds mondial qui ne sont pas suffisantes, de sorte que les pays ont d’énormes déficits de financement dans leurs budgets de lutte contre la tuberculose. Le Fonds mondial et les banques de développement doivent accroître leurs financements », déduit Suvanand Sahu.
Selon le rapport 2022 de l’OMS sur la tuberculose, cette maladie a affecté 10,6 millions de personnes en 2021, faisant 1,6 million de morts ; avec huit pays (Bangladesh, Chine, Inde, Indonésie, Nigeria, Pakistan, Philippines et république démocratique du Congo) concentrant plus des deux tiers de ces chiffres.
Julien Chongwang
[1] Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections
IS it possible to have thé status of tuberculose in mining, in Madagascar